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L’état dans la révolution, deux expériences réelles

Lettre sur le communisme

samedi 27 septembre 2008, par Jean-Pierre Combe

àtous les travailleurs de France

- Chers camarades,
- Il y a eu dans le monde, au vingtième siècle, deux vagues de révolutions socialistes ; en Europe, la première est une conséquence de la guerre mondiale de 1914-1918 ; la deuxième est une conséquence de la guerre mondiale causée par l’empire nazi-fasciste allié dans le « pacte anti-kommintern » àl’empire, lui aussi raciste, du Soleil levant (le Japon) du fait qu’ils ont entrepris de conquérir le monde entier :

- La première vagues des révolutions socialistes du vingtième siècle, c’est la révolution russe qui a abouti àla création du pays des soviets, puis de l’URSS ; la deuxième vague, c’est l’ensemble de la révolution chinoise, des révolutions qui ont créé les démocraties populaires puis les républiques socialistes dans les pays de l’est européen. Il faut aussi considérer les révolutions populaires anticolonialistes, qui ont conduit au démantèlement des empires coloniaux et àla constitution des pays aujourd’hui appelés « du tiers-monde », comme faisant partie des conséquences de long terme de la guerre mondiale contre les racismes (nazisme, fascisme, impérialisme nippon).
- Je considère la révolution cubaine comme un évènement précurseur d’une troisième vague de révolutions socialistes.
- La guerre qui avait été entreprise par les racismes (le nazisme, le fascisme, l’impérialisme nippon) pour conquérir le monde, puis la résistance populaire àcette conquête, la longue retraite infligée aux armées de l’empire nazi-fasciste par l’armée soviétique après sa victoire de Stalingrad, la destruction des dernières forces militaires de cet empire dans Berlin par l’armée soviétique, tout cela avait modifié les rapports des forces établis dans tous les pays d’Europe entre les bourgeoisies et les classes travailleuses ; le fait est que les bourgeoisies du monde entier ont très fortement ressenti le rôle qu’ont joué les peuples dans la résistance aux racismes européens (au nazisme et aux fascismes), dans la libération qui a renversé l’empire raciste et dans la victoire de 1945.
- Dans certains pays, tels l’Italie, la Tchécoslovaquie, la France, la Yougoslavie, la partie de la résistance populaire qui trouvait des forces dans le mouvement de revendication ouvrière, dont un animateur essentiel était le parti communiste et qui échappait àla tutelle bourgeoise, avait entrainé l’ensemble des forces de résistance dans une guerre authentiquement nationale et pacifiste contre le nazisme et contre les fascismes ; ce fait a profondément inquiété toutes les castes propriétaires des plus gros capitaux du monde ; pour faire face àcette inquiétude, elles se concertent depuis lors en permanence, et la "construction européenne" résulte de cette concertation.
- En France, la résistance avait été fortement marquée par la revendication ouvrière de socialisme : les mouvements de résistance, qui couvraient tout l’éventail politique de notre pays, du parti communiste àce qu’on appelle usuellement « la droite », sauf les fascistes, leurs sympathisants et les partisans de l’Etat pétainiste, s’étaient fédérés le 27 mai 1943 en formant un Conseil national de la Résistance (CNR), dont le programme, publié en mars 1944, portait indiscutablement la légitimité de la revendication populaire de socialisme, sans toutefois promettre la satisfaction de cette revendication.
- Dans cette situation nouvelle, la bourgeoisie française a confirmé son objectif d’entraver la vie culturelle de la classe ouvrière, et si possible de lui interdire de reproduire sa conscience de classe de génération en génération ; tel fut aussi l’objectif que toutes les grandes bourgeoisies d’Europe ont fixé àleur action lorsqu’elle concernait la France ; c’est afin d’y parvenir que la bourgeoisie française s’est ensuite appliquée àdétruire les concentrations de travail ouvrier, c’est-à-dire les grandes usines et les fortes densités d’entreprises petites et moyennes ou artisanales, et àdétruire en même temps les villes ouvrières et les quartiers ouvriers : le prétendu défaut de rentabilité n’a jamais été qu’un faux prétexte, d’ailleurs manipulé grâce àla haute main que la bourgeoisie a toujours gardé sur la gestion de la monnaie nationale.
- André Malraux a résumé cette politique de destruction de la nation avec une concision convaincante : Changez la mémoire du peuple, et vous changerez le peuple ! Changer le peuple français pour qu’il cesse d’avoir conscience de ses droits, pour qu’il cesse d’être rebelle àla loi bourgeoise, pour qu’il cesse de résister àla domination de la bourgeoisie, pour qu’il se soumette àl’ordre inégal du capitalisme, pour qu’enfin, il obéïsse...
- En Tchécoslovaquie, la guerre et sa conclusion avaient renversé le rapport des forces entre la bourgeoisie et la classe travailleuse de telle manière que la libération du pays mit àl’ordre du jour la satisfaction de la revendication ouvrière de socialisme ; chacun sait bien qu’une telle refonte de toutes les institutions du pays implique de modifier les rôles et les situations personnelles de tous ses habitants : tout cela ne peut aller sans provoquer des remous ; chacun sait aussi que la bourgeoisie exploite chacun de ces remous, de manière pour ainsi dire automatique, aux fins de protéger son pouvoir politique, sa mainmise sur l’économie et, si nécessaire, de reconquérir le pays, s’il lui a échappé, pour y détruire le socialisme et recommencer d’y prélever le profit. Tel fut bien l’objectif que se fixèrent les bourgeoisies non seulement tchécoslovaque, mais européennes et états-unienne aussitôt que les partis bourgeois eurent été chassés du pouvoir et que l’Etat eut reçu pour mission d’assurer la domination de la classe ouvrière des villes et des campagnes sur la bourgeoisie, ce qui, àPrague, eut lieu au mois de février 1948... pour ne prendre que l’exemple de la Tchécoslovaquie !
- Je suis devenu communiste en 1956 ; j’avais étudié l’argumentation que Marx et Engels avaient apportée au socialisme, en la fondant solidement dans leur propre observation des évènements sociaux et dans l’étude que Marx a signée des courants économiques qui font le mouvement du capital ; j’avais aussi pris connaissance de celle de Lénine, qui avait confirmé la précédente ; Lénine l’avait développée en militant pour le socialisme et pour la paix, tout particulièrement au sein de la transformation qui a affecté les mêmes mouvements lorsque les sociétés sont passées de la paix du début du siècle àla guerre de 1914 ; j’étais convaincu par ces argumentations : pour moi, le sens profond du socialisme était la participation de chaque ouvrière et de chaque ouvrier des villes et des campagnes àtous les niveaux de la direction de l’économie et de la politique du pays tout entier ; àmes yeux, le sens profond du socialisme est aujourd’hui toujours celui-là. J’admettais que la Tchécoslovaquie, comme d’autres pays d’Europe, avait entrepris d’instaurer une société socialiste, c’est-à-dire une société dont la règle serait celle-là; vingt ans d’édification du socialisme ne pouvaient qu’avoir donné àchaque travailleur des villes et des champs de Tchécoslovaquie un immense appétit pour une refonte de la division du travail et de la répartition des tâches de l’économie destinée àpriver définitivement la bourgeoisie des tâches et fonctions qui constituent l’exercice de son pouvoir, àlui interdire désormais et àtout jamais de les exécuter elle-même ou de les faire exécuter par son Etat.
- Une telle refonte consiste à:

  • réintégrer àla production les tâches de contrôle et de conduite qui sont censées la servir ;
  • confier aux équipes de travailleurs qui font le travail de l’entreprise les tâches qui constituent la politique de l’entreprise ;
  • confier aux assemblées de citoyens de chaque niveau les tâches qui constituent la politique de la cité, àtous les niveaux de la cité (commune, canton, département, nation) ;
  • mettre fin àla contrainte que la bourgeoisie fait peser sur la classe ouvrière, grâce àlaquelle les capitalistes prélèvent le profit et l’incorporent au capital, et établir une contrainte de la classe ouvrière sur la bourgeoisie, afin d’interdire aux capitalistes de prélever le profit, et de soumettre le capital àla propriété sociale (ou nationale, ce qui est la même chose).

- Ce dernier axe de refonte demande quelques explications.
- L’histoire de l’Europe met au jour comme une évidence que, dans toutes les sociétés d’inégalité, le rapport de domination de classe est l’obstacle qui s’oppose au progrès de l’être humain, et que cette opposition se manifeste sur tous les plans individuels et collectifs. Marx, Engels, Lénine et d’autres auteurs communistes l’ont constaté et mis en lumière ; c’est important parce qu’en permanence, les idéologues bourgeois s’appliquent àle cacher. Mais ni Marx, ni Engels, ni Lénine, ni les autres auteurs communistes ne l’ont inventé : leur apport est d’avoir considéré que la classe ouvrière et ses alliés, unis autour du prolétariat, commencent la révolution en contraignant la bourgeoisie àcesser de contraindre les travailleurs, qu’elle exploite, et que ce renversement rend àl’être humain sa faculté de progresser sur tous les plans individuels et collectifs.
- Cela admis, qui est le premier principe de la révolution, une première question se pose àtout révolutionnaire : quel mouvement de notre société est-il assez cohérent, assez solidement enraciné dans la vie des femmes et des hommes, pour devenir capable de contraindre la bourgeoisie àcesser l’exploitation sans laquelle elle n’est rien ?
- Gracchus Babeuf, déjà, s’était heurté àcette question : c’est lui qui a donné les premiers éléments pour y répondre : la bourgeoisie, qui gouverne et exerce tous les pouvoirs, est minoritaire dans la société ; ceux qui travaillent et produisent tous les biens et richesses sont au contraire l’immense majorité, mais leurs droits de vivre, leurs droits humains et civiques, sont violés et niés par la bourgeoisie. La source du mouvement libérateur est donc le besoin de vivre des travailleuses et des travailleurs, et sa ressource est le nombre de ceux qui revendiquent la satisfaction de ce besoin.
- Pour Babeuf, le mouvement capable de contraindre la bourgeoisie se constituera par le rassemblement de ceux qui portent cette revendication contre la misère que le gouvernement bourgeois impose au peuple. La source du mouvement qui libèrera la société de la dictature bourgeoise, et de la misère qui en est le fruit, cette source est dans le rassemblement cohérent de ceux qui ne possèdent que leur corps et qui revendiquent de vivre dignement et libres.
- Pour Gracchus Babeuf, toutes ces raisons donnent àla revendication populaire de la république un sens très clair : la république est le mode constitutionnel qui donne àchaque membre du peuple une voix délibérative en politique, et grâce àcela, les travailleuses et travailleurs peuvent joindre leurs légitimes revendications de vivre dignement et en liberté, user de leurs droits de citoyens pour les porter sur le plan politique, et constituer ainsi un mouvement politique populaire ; dans les délibérations de la république, le mouvement politique populaire peut formuler et poser ses revendications révolutionnaires, s’élargir àl’ensemble du peuple, constituer ainsi le nombre en la force politique qui abattra la dictature de la bourgeoisie.
- Marx et Engels ont apporté aux idées développées par Gracchus Babeuf d’importants et nécessaires compléments théoriques qui précisent les concepts de la révolution. Ce fut le fruit de l’étude qu’ils faisaient afin de satisfaire aux exigences de leur engagement militant pour les intérêts de la classe ouvrière dans les luttes des classes, dans la perspective de la révolution prochaine. Cette étude avait pour objets concrets la révolution qui avait détruit le royaume de France de 1789 à1794 et les divers mouvements ouvriers révolutionnaires européens qui lui ont fait suite ; elle avait pour moyen l’animation du mouvement communiste internationaliste ; les études que firent Engels de la guerre de 1870 en France et Marx de la Commune de Paris furent particulièrement productives.
- On trouve en effet dans leurs écrits de cette époque la démonstration que l’essence même de tout gouvernement bourgeois est véritablement une dictature, même lorsqu’il se revêt de formes empruntées àla démocratie ; on y trouve aussi la définition de l’état comme l’institution de la dictature d’une classe sur une autre ; cette définition est incompatible avec le concept petit-bourgeois d’état-nation ; cela doit nous interdire de confondre l’état et la nation.
- Pour contraindre la classe travailleuse, pauvre et majoritaire, la bourgeoisie, classe riche et minoritaire, a besoin d’un état parce que ses propres effectifs ne sauraient y suffire : pour l’instituer, elle doit utiliser la finance, dont elle est maîtresse ; la finance essentielle de l’état est donc le profit que la bourgeoisie accapare, et sa finance principale est l’impôt que sa place dominante lui permet d’utiliser pour ses intérêts égoïstes, au détriment des intérêts de la nation (notamment, mais pas seulement, en finançant les fonctions militaires et policières).
- Donc, la révolution doit commencer par s’attaquer àl’état bourgeois.
- Mais contre l’état bourgeois, la classe travailleuse n’a pas d’autre ressource que la personne de chacun de ses membres : Babeuf avait raison, la force du nombre est nécessaire, indispensable àla classe travailleuse pour accomplir la révolution. Cela pose une nouvelle question : comment constituer le nombre en une force politique ?
- Le seul moyen d’y parvenir est de développer dans la classe travailleuse un mouvement d’organisation indépendant de la bourgeoisie et de tous ses alliés. Or, un mouvement d’organisation existe dans la classe ouvrière : il résulte de l’organisation du travail elle-même, et du fait que le travail s’arrête lorsque les ouvriers attachés àfaire ensemble ce travail cessent de communiquer entre eux. Certes, la bourgeoisie a commis des ingénieurs, des inspecteurs, des contremaîtres et des contrôleurs pour rester maîtresse de cette communication, mais dès lors que ce sont des humains qui communiquent, nul contrôle ne peut être total.
- Marx et Engels voyaient dans cette nécessaire communication la source et le moyen essentiel de développer un mouvement humain propre àla classe ouvrière àpartir de la revendication ouvrière du droit de vivre qui s’en prend au profit.
- On le voit : ce mouvement prend sa source dans le plan de l’économie ; àpartir de là, il a toutes les raisons de se développer jusqu’àinvestir le plan de la politique, que la bourgeoisie prétend interdire àtoute autre classe qu’elle-même et réserver exclusivement àson gouvernement ; une dynamique propre àl’être humain fait de ce mouvement propre àla classe ouvrière la source d’un mouvement de la conscience particulier aux ouvriers, la conscience ouvrière de classe. Un siècle et davantage de l’histoire sociale des différents pays nous montre que la conscience ouvrière de classe est un mouvement culturel riche et fécond que les classes dominantes, exploiteuses, s’efforcent sans cesse de censurer.
- Lénine, suivant Marx, appelait l’attention des communistes sur la nécessité pour le prolétariat de constituer son propre état au moment même où la victoire réduit la bourgeoisie àl’impuissance : il s’agit de soumettre immédiatement et sans délai la bourgeoisie àla contrainte prolétarienne, car se fondant comme Marx et Engels sur l’ensemble de l’expérience des luttes de classes, il savait que la bourgeoisie ne se pliera jamais de bon gré et sans contrainte àla loi des travailleuses et travailleurs victorieux.
- Lénine n’a pas attendu la révolution pour traiter de cette question : observant dès la fin de l’année 1914 que la guerre ravageait l’empire des tsars au point de diminuer les moyens bourgeois de la contrainte sur le peuple, il jugea que l’évolution du rapport des forces de classes qui en résultait devenait favorable àla révolution : dès lors, il entreprit d’approfondir l’étude de l’état capable de contraindre la bourgeoisie àsubir la loi des travailleuses et des travailleurs : dès cette époque, il insistait beaucoup sur l’idée qu’il incombait au prolétariat lui-même de devenir cet état ; il rappelait avec insistance que les travailleuses et les travailleurs des villes et des campagnes sont le nombre, alors que la bourgeoisie exploiteuse n’est qu’une minorité : il insistait encore sur sa conclusion : pour Lénine, la dictature du prolétariat réalise la démocratie, et produit la première réalisation historique véritable de la démocratie. Pour Lénine, les révolutionnaires n’avaient absolument pas à« retourner » l’état de la bourgeoisie contre la bourgeoisie : c’est un autre état, d’une autre nature, qui doit démanteler l’état bourgeois.
- Telle était la vision que j’avais dès avant 1960 de la révolution et du socialisme, et dans le parti communiste, je n’étais pas le seul àl’avoir : elle m’avait été enseignée par les « vieux camarades » qui m’avaient accueilli dans le parti communiste (tout est relatif : ils avaient bien au moins trente ans quand j’en avais dix-huit !...), et ceux-ci ne s’étaient pas fait faute de l’enseigner aussi àd’autres jeunes militants !... Pour moi, cette vision de la révolution et de l’édification du socialisme coïncide avec la représentation qui se dégage de l’Å“uvre de Marx et d’Engels, et après eux, de celle de Lénine : telle est la révolution qu’il appartient aux travailleurs de faire pour instaurer le socialisme.
- Cela étant, nul révolutionnaire, depuis le début des sociétés humaines, n’a jamais pu conduire une révolution sans être limité par les conditions concrètes dans lesquelles cette révolution a lieu, et notamment par le rapport des forces des classes en cause dans la crise révolutionnaire. Lénine et les Bolchéviks ne le pouvaient pas plus que les autres ; cela peut étonner beaucoup de monde aujourd’hui àcause de l’intoxication de masse que diffuse la propagande bourgeoise, mais cela ne peut pas étonner les lecteurs de Marx : cette impossibilité qui encadre matériellement l’action des militants révolutionnaires est un des enseignements sur lesquels Marx insiste le plus, et sur lesquels Lénine revient sans cesse.
- J’étais donc certain que la révolution russe de 1917 et le gouvernement du pays par les conseils d’ouvriers et de soldats (le mot russe soviet est l’exacte traduction du mot français conseil) apporterait aux théories de Lénine l’éclairage de l’expérience concrète ; que cet apport n’ait pas encore été fait ne m’étonnait pas outre mesure : je savais qu’il devrait passer par une longue élaboration faite de publications de documents, de leurs évaluations contradictoires, de confrontations et de réfutations des interprétations : cette longue élaboration est le travail scientifique concret de l’histoire.
- Le renversement du gouvernement provisoire par les ouvriers en armes, organisés par les Bolchéviks sous le nom de gardes rouges, et par les marins de la flotte de guerre, au cours d’une insurrection elle-même organisée par les Bolchéviks, et la remise par eux du pouvoir de gouverner au congrès des conseils d’ouvriers et de soldats de toute la Russie (le congrès des soviets), était incontestablement le premier acte de la révolution selon le processus dont Lénine avait montré la nécessité pendant les mois précédents : le réseau des conseils d’ouvriers, de paysans et de soldats allait-il devenir l’état du prolétariat que Lénine appelait àinstaurer ?
- Cela dépendit des conditions concrètes qui furent celles de cette victoire populaire :

  • d’abord, une grande partie de la petite bourgeoisie s’était ralliée àla révolution, mais pour ses propres objectifs, qu’elle ne pourrait atteindre que si les travailleurs se soumettaient àsa loi ;
  • ensuite, si les Bolchéviks avaient su se répandre dans tout le pays, y porter les mots d’ordre qui ont mobilisé le peuple et organiser les travailleurs des villes, les paysans pauvres et les paysans sans terre, ils n’étaient pas tous capables d’analyser les situations concrètes et d’argumenter au niveau où le faisait Lénine ;
  • encore, les Bolchéviks connaissaient bien la condition prolétarienne, mais au sujet des mécanismes officiels et surtout officieux de l’administration tsariste, ils étaient totalement naïfs, et comment auraient-ils pu ne pas l’être ?
  • enfin, la tâche révolutionnaire àaccomplir était immense, et la contre-révolution puissante : elle rassemblait en effet une grande partie du corps des officiers (dans l’armée du Tsar, les officiers supérieurs et généraux étaient propriétaires de domaines terriens), la haute bourgeoisie et toute sa finance, et recevait l’appui direct, matériel et avoué des hautes bourgeoisies étrangères et de leurs gouvernements : parmi ceux-ci, le gouvernement Clémenceau au service de la haute bourgeoisie française, qui avait alors les dents bien longues, n’était pas le dernier...

- L’immensité de la tâche révolutionnaire, inconcevable pour la petite-bourgeoisie, et la puissance de la contre-révolution furent sans doute deux causes importantes de la défection des partis petits-bourgeois qui avaient d’abord participé au conseil des commissaires du peuple (c’était le gouvernement mis en fonction par le congrès des soviets dans la nuit du 7 novembre 1917). Mais même après cette défection, il y avait des petits-bourgeois dans le conseil des commissaires du peuple (le plus connu est Léon Trotski...), et les Bolchéviks n’étaient pas seuls àcombattre la contre-révolution ni àmettre en fonction les conseils d’ouvriers, de soldats et de paysans dans tout le pays.
- Ces conditions concrètes, que des analyses circonstanciées complèteront et préciseront certainement, contiennent sans doute les causes qui ont fait que le réseau des conseils d’ouvriers, de paysans et de soldats n’est pas devenu l’état soviétique ; la suite des évènements a montré que la dissolution par la révolution de l’état tsariste ne fut pas totale ; la formation de l’état soviétique a incorporé en effet au réseau des soviets des fragments de l’ancien état impérial, et ces fragments ont continué de fonctionner en véhiculant leur culture d’ancien régime, la culture de l’état bourgeois. Les choses, ensuite, ne pouvaient pas se passer sans affrontements entre cette culture d’empire et le mode socialiste du développement de la société ; ces affrontements sont àla source des drames vécus par l’URSS : il n’est donc pas honnête d’imputer aux seuls Bolchéviks la responsabilité de ces drames sans avoir examiné les rôles divers qu’y ont joué d’anciens agents de l’administration du Tsar ; il ne me semble pas douteux que certains d’entre eux étaient trop heureux de faire d’une pierre deux coups, en manipulant des vagues d’épuration de manière àenvoyer des Bolchéviks en grand nombre àla mort tout en leur imputant la culpabilité des crimes qui les frappaient !
- En Europe, en 1945, des révolutions socialistes ont suivi la défaite de l’empire raciste (nazi-fasciste) : elles ont eu lieu dans des conditions concrètes très différentes de celles de la révolution russe de 1917.
- La Tchécoslovaquie nouvelle avait assuré la continuité de l’Etat bourgeois, qui avait été longuement élaboré par l’empire austro-hongrois, et en particulier de son appareil policier ; elle l’avait en somme « retourné » en inversant sa mission ; dans ce but, on l’avait simplement coiffé de nouveaux ministres et d’une nouvelle direction centrale, et on l’avait renforcé de quelques fonctionnaires prêtés par l’URSS... Bien évidemment, cela avait noué dans la Tchécoslovaquie nouvelle d’importantes contradictions qu’il faudrait résoudre un jour ou l’autre.
- Lorsqu’àla fin de l’été 1967, nous apprîmes qu’une crise grave se développait en Tchécoslovaquie, j’eus très vite l’intuition qu’elle manifestait l’exaspération des contradictions nouées en 1948. Et en effet, l’Humanité nous apportait chaque jour une pleine page d’informations sur les évènements critiques qui se déroulaient là-bas ; il apparut très vite qu’un des facteurs de cette crise était la rigidité de l’Etat tchécoslovaque, face àune revendication populaire qui semblait àbeaucoup de communistes français devoir être satisfaite par un progrès du socialisme. Cette rigidité nous faisait nous demander si l’Etat tchécoslovaque avait une structure telle qu’il pouvait contribuer àce progrès du socialisme : au regard de l’histoire, nous pouvions élever un doute très légitime àce sujet ; hérité de l’Etat bourgeois, l’Etat tchécoslovaque n’avait pas été fait pour cela : même s’il devait protéger les progrès du socialisme, il portait toujours la culture de la mission contraire qui était la sienne avant-guerre ! Inscrite dans les structures fonctionnelles de toutes les administrations de l’état, cette culture postule que la seule action politique licite est celle qui émane du gouvernement, et qu’une action politique majoritaire est vraisemblablement illicite parce qu’elle ne saurait émaner du gouvernement ; conditionnée par cette culture, l’action de l’état fait obstacle aux mouvements politiques majoritaires, indépendamment de la personnalité des agents de l’état, indépendamment de leurs éventuelles prises de parti individuelles favorables àla démocratie.
- Par ce fait, la continuité de l’état tchécoslovaque a maintenu dans la Tchécoslovaquie socialiste une institution dont le fonctionnement, par sa seule logique, réalisait la domination d’une minorité sur la majorité travailleuse.
- La protection du socialisme par un état imprégné de culture bourgeoise ne peut pas être un facteur de progrès du socialisme ; c’est le moins que l’on puisse dire, et c’est bien ce que la crise ouverte en Tchécoslovaquie nous semblait confirmer.
- Peut-être qu’en Tchécoslovaquie, les corps de police hérités de l’état bourgeois, aidés par d’autres corps de police qui portaient encore une partie de l’héritage de l’empire des tzars, peut-être que ces corps de police avaient protégé quelques temps le socialisme naissant, mais de toute évidence, ce corset étatique trop rigide parce que trop imprégné de culture bourgeoise avait fini par bloquer les évolutions nécessaires au socialisme : la crise devait débarrasser la Tchécoslovaquie de ce corset.
- Pendant ce temps-là, une autre crise s’ouvrait en France : les mouvements de grève se multipliaient partout, dans les usines et dans les ateliers, dans les entreprises privées et dans celles du secteur public ; les étudiantes et étudiants aussi posaient leurs propres revendications. C’était une crise tout-à-fait semblable aux crises qui éclatent lorsque la lutte des classes ne trouve pas ses solutions dans les rapports sociaux eux-mêmes ; la brutalité de la répression policière appliquée àune manifestation étudiante rue Saint Jacques àParis mit le feu aux poudres : le lundi suivant, les travailleurs parisiens battaient le pavé dans une grande manifestation contre la répression en même temps que des grèves dures pour les revendications du salaire, avec occupation des ateliers et maintien de l’outil de travail en état de produire, commençaient dans les usines.
- Pendant les deux premières semaines, étudiants et enseignants manifestèrent beaucoup dans les rues et aux portes des usines ; puis un meeting fut organisé àParis, au stade Charléty ; ce meeting marque une étape majeure, un tournant des évènements français de mai et juin 1968.
- Ni la CGT, ni le parti communiste français n’ont participé àce meeting.
- Sa politique fut portée par des orateurs de diverses tendances :

  • je citerai d’abord les politiciens qui se réclamaient de « la gauche » et qui constataient depuis quelques semaines la puissance du mouvement ouvrier de grèves : sans doute l’échec des provocations organisées par les professionnels de la violence les avaient-il impressionnés ; ces politiciens espéraient que ce meeting donnerait un signal grâce auquel ils pourraient prendre le pouvoir, dont ils disaient qu’il était dans la rue et qu’il n’y avait qu’àle ramasser ;
  • je citerai ensuite les dirigeants de syndicats d’enseignants et d’étudiants qui dépensaient depuis des semaines beaucoup d’énergie pour donner un grand relief aux manifestations de rue, et qui ne cessaient pas de s’efforcer d’entraîner les ouvriers dans leur sillage, pour leurs objectifs dont la principale caractéristique était le flou ;
  • je citerai encore les dirigeants de syndicats réformistes qui leur apportaient une aide considérable ;
  • je citerai enfin les dirigeants des groupes divers aux effectifs éminemment variables qui se font et se défont en milieu étudiant, au gré de modes souvent initiées par une habileté particulière de leurs activistes àchoisir le vocabulaire dont ils font leur discours. Les uns se désignent comme anarchistes ; les autres comme communistes bien que leurs références les rattachent avant tout aux divers courants trotskystes.

- Aux cours des deux semaines précédentes, ceux-ci avaient réussi àemmener des cortèges d’étudiants aux portes d’usines en grève, dans l’intention affichée de faire ouvrir ces portes et de fraterniser avec les grévistes ; mais le comportement de certains membres de ces groupes manifestait, sans la dire expressément, l’intention politique d’obtenir du mouvement populaire une approbation grâce àlaquelle les dirigeants étudiants et leurs proches amis des syndicats réformistes des professions intellectuelles deviendraient les chefs du mouvement ouvrier ; àcette fin, ils espéraient alors convertir en approbation l’incontestable sympathie que les ouvriers éprouvaient pour le mouvement revendicatif des étudiants. Cette sympathie avait une raison conjoncturelle : le scandale que ressentaient les ouvriers devant la violence que le gouvernement avait donné l’ordre de mettre en Å“uvre pour réprimer les manifestations étudiantes ; elle avait aussi une raison plus profonde : le fait que les ouvriers et les ouvrières chargés de famille se saignaient aux quatre veines pour que leurs enfants fassent les meilleures études possibles.
- Seulement, cette éventualité, que le mouvement ouvrier se voie coiffé de chefs qu’il n’aurait pas désigné lui-même, les ouvriers syndiqués àla CGT la rejetaient, et en grande majorité, les militants communistes la rejetaient aussi ; pour cette raison, les fraternisations n’ont eu lieu qu’àtravers des grilles que les ouvriers n’ouvraient pas.
- Les discours de Charléty tiraient de la situation en Tchécoslovaquie des arguments sommaires et approximatifs pour condamner le communisme ; par leur contenu comme par leur tonalité, ils confirmaient tout àla fois l’intention de leurs auteurs de prendre la tête du mouvement populaire, en même temps que leur déception d’être encore entravés par la CGT et par le parti communiste ; en même temps, ils marquaient l’obstination des orateurs àmaintenir leur intention d’écarter de la conduite du mouvement populaire les organisations ouvrières de lutte de classe : aux yeux de ces petits-bourgeois, il appartient àeux-mêmes, membres de la petite-bourgeoisie, de donner les directives politiques, et àla classe ouvrière de s’y plier.
- Contre la CGT et contre le parti communiste, tous les orateurs de Charléty promettaient la lune àla classe ouvrière, en échange de son ralliement àleurs directives petite-bourgeoises et de son appui dans leur entreprise de prendre les pouvoirs de l’état.
- Mais presque deux siècles de luttes de classes économiques et politiques ont appris àla classe ouvrière française qu’elle court un danger mortel chaque fois qu’elle se plie àdes directives émanant d’une autre classe qu’elle-même : ni la CGT, ni le parti communiste français ne l’avaient laissé oublier.
- Le meeting de Charléty échoua àmettre la CGT et le parti communiste àl’écart du mouvement populaire français et àrallier la classe ouvrière àla direction petite-bourgeoise du mouvement : juin et juillet 1968 montraient la profonde division de classe qui entravait le mouvement.
- Les spectaculaires carrières politiques faites après juin 1968 par beaucoup de ces orateurs, tels Daniel Cohn-Bendit, Michel Rocard, sans oublier François Mitterrand qui n’a pas parlé àCharléty mais qui a manifesté son soutien sans nuance àl’entreprise, ont démontré leur mépris de la classe ouvrière, en même temps qu’elles montraient quelle politique ils auraient appliquée dès 1968 àla France, si la classe ouvrière avait suivi leurs directives !...
- L’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie eut lieu deux mois plus tard. Elle confirmait àmes yeux que la crise tchécoslovaque était le conflit entre le mouvement d’édification du socialisme et un appareil policier imprégné de la culture de l’Etat bourgeois : malheureusement, si elle confirmait la nature de la crise tchécoslovaque, c’était au prix de l’arrêt du mouvement ouvrier tchécoslovaque, lequel, fort de son parti communiste et de sa centrale syndicale (ROH), aurait pu relancer l’édification du socialisme en brisant dans l’état les restes de la culture bourgeoise et les structures qui leur servaient de support : je précise que cette possibilité, qui avait existé pendant toute la durée du « printemps de Prague », n’était pas attachée àla personnalité du premier secrétaire du parti communiste tchécoslovaque et je doute que les discours qu’il avait tenus depuis 1967 aient exposé ou développé cette possibilité. Quoi qu’il en soit, l’invasion donnait aux bourgeoisies d’Europe l’occasion dont elles rêvaient de relancer et de sceller durablement en France l’unité anti-communiste àlaquelle les formations petite-bourgeoises étaient parvenues lors du meeting de Charléty.
- C’est vrai : jusqu’àla fin du mois d’aoà»t 1968, je pensais que les travailleurs tchécoslovaques auraient la force de réorganiser les tâches de la contrainte sociale conformément aux idées marxistes exposées plus haut ; c’est vrai aussi, dans le parti communiste français, les opinions étaient diverses, mais d’une diversité qui s’organisait autour de l’espoir que cette crise montrerait quelle vitalité le socialisme gagne en libérant dans tous les domaines l’initiative des travailleurs. C’est l’ensemble de cet espoir, et avec lui l’ensemble des possibilités que les discussions des communistes pouvaient ouvrir, que l’invasion a anéantis.
- Dès la fin du mois d’aoà»t 1968, la relance de l’anticommunisme unitaire fut prompte, active et intense. Depuis la deuxième guerre mondiale, les chefs idéologiques de la grande bourgeoisie n’ont jamais cessé d’étudier les partis communistes : sans doute avaient-ils perçu, àla faveur des réactions provoquées par la « crise sino-soviétique », qu’une faille susceptible d’affaiblir le parti communiste français se formait au sein de ce parti ; ils avaient certainement apprécié, de leur point de vue, le fait que ces réactions n’ont jamais été vraiment discutées dans le parti communiste français, et que par conséquent, les opinions restaient en suspens sur la question de savoir qui, de Khrouchtchev ou de Mao Tsé Toung, avait raison.
- Car du point de vue du communisme en France, cette question est une fausse question : ni Mao Tsé Toung, ni Nikita Khrouchtchev n’ont jamais été compétents pour donner des directives susceptibles d’orienter l’action des communistes français ; l’orientation de l’action des communistes n’a qu’une source : les discussions qu’ils conduisent eux-mêmes àpartir de leur propre observation de la situation matérielle de la classe ouvrière des villes et des campagnes de leur pays, et de l’état concret des luttes de classes dans lesquelles elle est impliquée. Il est évident que les dirigeants des autres partis communistes n’ont pas la connaissance de cette situation matérielle, et que même la « Â lutte des classes au niveau international  » n’apporte qu’une information minime au sujet des luttes concrètes des classes de niveau national. En aucun cas, les communistes ne peuvent se passer de faire en termes concrets l’analyse de la situation concrète de leur propre pays ; précisément, que les discussions des communistes français soient restées en suspens avant même de rappeler cette vérité première de tout parti communiste était le signe certain d’un affaiblissement grave de leur parti. Il suffisait désormais àl’action idéologique du parti capitaliste de faire en sorte que les communistes n’entrent plus dans l’analyse des problèmes concrets qui se posent àeux.
- Le parti communiste français a désapprouvé l’intervention des armées du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie : une heure àpeine après que ce communiqué fut publié commença le bombardement idéologique : pourquoi le PCF a-t-il désapprouvé et n’a-t-il pas réprouvé ? Après quelques semaines, ce fut : n’ayant pas réprouvé, il n’a pas condamné ! Encore quelques semaines, et nous avons entendu des docteurs en alchimie politique monter en chaire pour déclarer : le Parti communiste français n’a pas condamné l’intervention des troupes du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie parce qu’au fond, il l’a approuvée !
- Du point de vue de la bourgeoisie capitaliste, c’était changer le plomb en or ! Certains de ces alchimistes en ont été généreusement récompensés...
- En fait, le parti communiste français était déjàaffaibli dans son essence : les rapports qu’il entretenait avec le parti communiste de l’URSS l’avaient rendu sensible àla thèse khrouchtchevienne selon laquelle il ne peut y avoir de contradictions dans une société socialiste : cette thèse avait d’abord détourné de nombreux membres du parti de la recherche dialectique des contradictions lorsqu’ils analysaient les évènements des pays socialistes, et bientôt aussi, elle fut la source de simplifications outrageuses dans l’analyse de la lutte des classes sur le plan international.
- Ainsi affaibli, le parti communiste se battait encore : en témoigne l’excellent résultat qu’il obtint en juin 1969, lorsqu’il présenta Jacques Duclos aux élections présidentielles.
- Mais bientôt, la propagande capitaliste produisit un nouvel affaiblissement du parti communiste : les mêmes camarades avaient les plus grandes difficultés àse rappeler quelle avait vraiment été la position du parti communiste français face àl’intervention des troupes du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie ; s’il n’y avait plus lieu de rechercher les contradictions de la Tchécoslovaquie socialiste, ni celles du camp socialiste représenté sur le plan militaire par le pacte de Varsovie, alors, la position réellement prise par le PCF n’avait plus de sens ; le PCF cessait de pouvoir prendre une position de lutte concrète ; il en était réduit aux jugements moraux àvaleur absolue : que ces camarades deviennent déterminants dans la vie du PCF, et ce parti s’enfermait dans l’impasse àlaquelle la bourgeoisie qui domine la France rêvait pour lui depuis toujours.
- C’est bien ce qui s’est produit : les discussions des communistes se sont alors enlisées dans des querelles sans solution ; cette situation libéra l’action au sein du parti de ceux de ses membres qui étaient formalistes et métaphysiciens en philosophie, donc réformistes en politique : ils parvinrent àdes postes de direction de sections ou de fédérations, ils y firent valoir leur parti pris social-démocrate en orientant les débats du PCF, en poussant, le plus souvent possible sans bruit, les marxistes vers la sortie, en conduisant le parti vers sa dérive social-démocrate, puis en le faisant muter ; ce sont ces dirigeants qui ont divisé les communistes, et qui ont dressé entre eux les murailles qui maintiennent leurs division.
- Aujourd’hui, la mutation du PCF approche de son aboutissement logique :
- ce parti achève d’abandonner ce qu’il gardait encore de références communistes ; si sa direction social-démocrate lui maintient encore son nom de PCF, c’est seulement pour entraver le rassemblement des communistes qui se sont mis àla tâche de rendre ànotre peuple, ànotre pays un véritable parti communiste ;
- les obstacles placés au hasard des opportunités pour entraver le débat des communistes et, par conséquent, rompre leur unité et faire obstacle au communisme, révèlent leur cohérence : ils ne sont que les moments successifs de la mise en place de la politique réformiste qui a conduit le PCF àl’impuissance, àla cécité sur l’essence et sur les causes des maux qui frappent notre peuple, àl’obstination dans la cécité. En effet, les analyses politiques que produisent les dirigeants mutants du PCF refusent obstinément de voir les causes des maux de notre peuple et comment ces maux frappent ! Elles n’éclairent jamais les raisons politiques qu’ont les exploités de maintenir la revendication salariale et la revendication du travail pour tous ; elles n’ouvrent pas les perspectives politiques de la revendication ouvrière ; au contraire, elles se satisfont d’adresser des recommandations aux gouvernements bourgeois, et ceux-ci ne manquent jamais d’en tirer des arguments au service de l’extension et de l’approfondissement de l’exploitation des peuples. Ces dirigeants cultivent l’illusion sur le PCF lui-même en étalant avec beaucoup de soins, en couche épaisse, l’ignorance du communisme.
- Cela confirme une vieille constatation : le réformisme étale l’obscurantisme pour se protéger contre la critique des communistes.
- Décidément, Babeuf, Marx, Engels, Lénine, Thorez avaient raison !
- Le congrès tenu en décembre 1920 àTours par les militants socialistes avait raison d’adhérer àl’Internationale communiste !
- Il faut rendre aux travailleurs de France le parti véritablement communiste que la mutation n’a jamais fait que censurer !

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