Ami de l’égalité
Accueil > Problèmes de la révolution > Problèmes du communisme > écoles du communisme > leçon 2 : l’avenir économique et social de la France

Education communiste

leçon 2 : l’avenir économique et social de la France

école élémentaire de la Libération (octobre 1 944)

mardi 28 octobre 2008

INTRODUCTION

- Le premier cours a montré quelles étaient les possibilités économiques de la France, comment les trusts s’étaient constitués au profit d’une minorité infime, dont les intérêts sont étroitement unis àceux de l’étranger. Les trusts avaient mis la main sur l’état, en corrompant les hommes politiques, en asservissant la presse. Ils dominaient sur toute la vie économique et leur féodalité nouvelle pesait sur l’industrie, le commerce et les campagnes.

- Ces trusts n’étaient pas seulement une force d’oppression sociale : ce qui a été depuis longtemps démontré par les communistes ; mais ils constituaient au premier chef une force de trahison nationale : c’est ce qui doit apparaître àtout Français honnête et clairvoyant. Ce sont eux qui ont saboté notre économie nationale en un temps où toute défaillance dans le domaine industriel conduit nécessairement àun affaiblissement de la puissance militaire. Ce sont eux qui, responsables de la défaite, ont organisé la trahison, livrant àl’Allemagne hitlérienne des parties importantes de nos richesses nationales. Misère des masses populaires, dans un pays de grandes possibilités économiques ; défaite, dans un pays dont les hommes et les femmes ne manquent ni de courage ni d’esprit militaire ; trahison et collaboration avec l’ennemi, dans un pays entièrement dominé par la haine de l’envahisseur ; tel est le bilan des trusts.
- La première condition du relèvement économique de la France réside donc dans la suppression des trusts.
- Ce sera un redressement national : puisque la France se gouvernera sans cette « agence de l’étranger » que sont les trusts.
- Ce sera un redressement économique : puisque la production que les trusts n’entraveront plus pourra se développer.
- Ce sera un redressement social : puisque les trusts qui écrasent les ouvriers, les paysans, les classes moyennes et les consommateurs auront disparu.
- Ainsi, et du même coup, la nation pourra se garantir contre la trahison et assurer la direction de sa propre économie.
- Mais il arrive souvent que l’on confonde la suppression des trusts avec le socialisme ou le communisme. C’est pourquoi nous allons successivement étudier les points suivants :

  1. Que signifie la suppression des trusts ?
  2. Qu’est-ce que le socialisme ?
  3. Comment se développe l’économie en régime socialiste ?
  4. Comment se fait le passage du socialisme au communisme ?

- Ou, en d’autres termes, quel est l’avenir que les communistes français veulent pour la France, leur pays ?

QUE SIGNIFIE LA SUPPRESSION DES TRUSTS ?

- Transformation des trusts en entreprises publiques au nom de la sécurité nationale.
- En d’autres temps, une telle revendication aurait pu apparaître comme marquée d’un caractère de classe ; elle aurait pu ne rassembler que les Français partisans d’un ordre social nouveau. Aujourd’hui, il s’agit d’un mot d’ordre national, d’une mesure de sécurité nationale, l’expérience ayant prouvé que les trusts sont les organisateurs de la trahison de la France.
- Ce n’est donc pas une révolution sociale. C’est une mesure que nous réclamons en tant que patriotes avertis et conséquents.
- Le châtiment des individus coupables sera nécessaire, mais il ne résoudra pas tout le problème. Détruire les traitres ne suffit pas, il faut supprimer la base de la trahison. Il ne s’agit pas, comme autrefois, de discuter dans l’abstrait, entre théoriciens, sur les mérites comparés de la gestion privée et de l’exploitation des entreprises industrielles ou commerciales par l’état. Il ne s’agit pas aujourd’hui de démontrer que la gestion par l’état sera plus économique, qu’elle permettra une utilisation plus rationnelle de certaines ressources. Le problème est totalement différent. Il s’agit de savoir si un système de domination économique qui fait forcément des sans-patrie et des traitres sera toléré et maintenu.
- Quand la Convention expropria les émigrés et fit de leurs biens des biens nationaux ; quand Saint-Just, par les décrets de Ventôse, les redistribua entre les patriotes pauvres, les Jacobins avaient àjuste titre conscience de faire Å“uvre de salut public. C’est encore au nom du salut public qu’il faut exproprier les trusts.
- C’est donc comme traitres àla patrie que les trusts doivent être jugés et condamnés àla peine capitale, c’est-à-dire àleur suppression. Les biens et entreprises des trusts doivent être confisqués sans indemnité au profit de la nation. C’est ainsi que doivent retourner àla nation : la haute banque, les banques d’affaires et l’ensemble des grandes compagnies d’assurances ; les transports par fer, les gros transports maritimes, fluviaux, routiers, aériens ; les entreprises de production et de distribution de l’énergie électrique, de l’eau et du gaz ; l’extraction du charbon, du fer, de la bauxite etc... ; les entreprises trustées de la sidérurgie avec tous ses dérivés, de l’aluminium, du cuivre, des produits chimiques et engrais, de l’électrochimie, du pétrole et autres carburants, du papier ; les entreprises trustées du bâtiment (matières premières de construction) ; les trusts s’occupant du ramassage des produits industriels et agricoles, de leur préparation, de leur transformation, de leur distribution, de leur vente. Des mesures pourront être prises pour sauvegarder les droits des actionnaires patriotes. Mais l’essentiel réside dans la suppression radicale des trusts.
- Du point de vue national, la suppression des trusts aura les conséquences heureuses suivantes :

  • Elle garantira l’indépendance nationale,
  • Elle permettra une augmentation de la production,
  • Elle renforcera l’unité nationale.

- L’indépendance nationale sera mieux assurée
- Les trusts ont été les fourriers de l’invasion. De 1940 à1944, ils ont livré àl’envahisseur des richesses nationales essentielles. La reconstruction du pays exige la mise àla disposition de la nation de toutes les richesses nationales.
- Les hommes des trusts, s’ils conservaient leur puissance, recommenceraient às’intégrer dans des formations supra-nationales où ils ne seraient jamais que les valets bien payés d’intérêts étrangers prédominants, donc toujours des traîtres.
- Si des accords doivent être passés avec des puissances étrangères pour la fourniture de certaines matières premières qui manquent àla France, ils doivent être négociés par les représentants indépendants d’un état indépendant et non par des maquignons au service des trusts sans patrie. Ce n’est point làune opinion communiste, mais un avertissement d’ordre national.
- Dans un discours prononcé àDetroit le 1er aoà»t 1943, le vice-président des Etats-unis, M. Wallace, annonçait que si les trusts n’étaient pas supprimés, la paix nous ferait passer des camps de concentration et des assassinats en masse des fascistes àune jungle de gouvernements gangsters conduits dans les coulisses par des impérialismes assoiffés de pouvoir et avides d’argent. Il ajoutait que, dans ce cas, la paix serait une simple reprise d’haleine entre la mort d’une vieille tyrannie et la naissance d’une nouvelle.
- Nous avons le devoir de tenir en tant que patriotes un langage identique àcelui de M. Wallace.
- La production augmentera
- Dans la situation où se trouve notre pays, l’accroissement de la production dans tous les domaines est une condition de notre redressement national. La suppression des trusts favorisera cet accroissement de la production, et cela pour quatre raisons essentielles :

  1. Sous la dictature des trusts, le rythme de la production est déterminé par les intérêts privés de quelques capitalistes. Quand le progrès technique se révèle néfaste àun trust, quand une invention nouvelle bouleverse des situations financières acquises, les grands trusts freinent le progrès et escamotent les grandes inventions. Dans l’histoire économique de la France, on constate que la tendance àla stagnation des forces productives coïncide avec l’époque où les trusts deviennent les maîtres incontestés de l’économie nationale. Donc, supprimer les trusts, c’est libérer la production, c’est déchainer les possibilités de la science.
  2. Sous la dictature des trusts, les ouvriers travaillent pour enrichir quelques capitalistes qui se sont révélés comme des traitres. Ils travailleront désormais pour l’intérêt national, ils travailleront pour la France, avec une ardeur décuplée.
    - C’est précisément une des raisons pour lesquelles la classe ouvrière marche àla tête de toute la nation dans l’action pour la suppression des trusts. C’est une des raisons pour lesquelles elle se consacrera demain, sans restriction, de toute son âme, de toute son énergie, au développement de la productivité dans une France libérée de la domination antinationale et antisociale des hommes des trusts.
    - Supprimer les trusts, c’est faire confiance àla capacité de production d’une classe ouvrière intelligente, habile et patriote.
  3. Sous la dictature des trusts, l’agriculture s’étiole (voir le cours précédent). Si les trusts disparaissent, l’agriculture française pourra être dotée de machines et de la technique moderne. Le mouvement coopératif se développera. Les rendements seront augmentés, la qualité des produits sera améliorée. Avec l’accroissement du bien-être, l’exode rural s’arrêtera.
    - Supprimer les trusts, c’est augmenter les possibilités de production des campagnes françaises.
  4. Sous la dictature des trusts, il n’y a pas d’économie planifiée possible, ou plus exactement, toute économie dirigée est finalement dirigée par les trusts (c’est toute l’histoire de l’économie vychissoise). Economie planifiée, économie dirigée, contrôle de l’état, nationalisation, ce ne sont que des mots vides de sens. Ils ne prennent toute leur signification qu’avec la suppression préalable des trusts. Alors seulement, il sera possible d’organiser la production et la distribution des produits d’après un plan. Supprimer les trusts, c’est permettre la création d’une véritable économie dirigée, dirigée par les organismes compétents de la nation, au profit de la nation elle-même.

- L’unité nationale sera renforcée
- Les trusts sont les grands diviseurs de la nation. Comme les féodaux d’autrefois, ils mettent l’intérêt de leur caste au-dessus de l’intérêt national. C’est en eux que revit l’esprit de Coblentz. Peu leur importe le salut du pays, pourvu que leurs privilèges demeurent. Ils constituent un état dans l’état. S’ils subsistent il y aura un secteur de la France dans lequel les lois républicaines ne pourront pas être appliquées, de même qu’il y avait dans l’ancienne France des fiefs dans lesquels les ordonnances royales n’avaient aucune valeur. La suppression des trusts sera donc un progrès de l’unification nationale.
- Donc, résumons-nous sur ce point essentiel. Nous réclamons la suppression des trusts comme une mesure de salut national, qui garantira l’indépendance de la France, permettra d’augmenter la production et renforcera l’unité du pays : TROIS CONDITIONS SANS LESQUELLES NOTRE REDRESSEMENT SERA IMPOSSIBLE.
- Ceci dit, la suppression des trusts ne signifie pas l’instauration du socialisme.
- Pourquoi ?

  1. Parce qu’elle laisse subsister la propriété individuelle, même si cette propriété n’est pas le fruit du travail personnel ou familial ;
  2. parce qu’elle ne met pas fin àl’exploitation de l’homme par l’homme ;
  3. parce qu’en conséquence, le danger persiste de l’apparition de nouvelles contradictions, de la naissance de nouveaux trusts.

- Examinons ces trois points :

  1. La suppression des trusts ne met pas fin àla contradiction essentielle du régime capitaliste entre la forme collective de la production et la forme individuelle de la propriété des moyens de production.
    - En effet, après l’expropriation des trusts, l’industrie privée subsistera. Prenons un exemple :
  • voici un atelier qui groupe cinquante ouvriers. On y fabrique des hélices. La fabrication de ces hélices est l’Å“uvre de ces cinquante ouvriers : elle est donc collective. Un seul de ces ouvriers ne peut fabriquer une hélice. L’hélice est le produit d’un travail commun. C’est ce fait que nous désignons par l’expression : forme collective de la production.
  • Par contre cet atelier, les outils, les machines, les matières premières appartiennent àun seul individu, donc la propriété des moyens de production a une forme individuelle. Avec la suppression des trusts, cette contradiction du capitalisme se manifeste àune échelle moins grande, mais elle subsiste.
    - Or, c’est cette contradiction qui s’exprime dans les crises économiques, et aussi dans l’antagonisme entre la classe des capitalistes et la classe ouvrière. La classe ouvrière produit la richesse sociale et les capitalistes possèdent les moyens de production. Donc, la suppression des trusts, nécessaire pour des raisons nationales, ne fait pas disparaître la contradiction essentielle du capitalisme, et dès lors elle laisse subsister l’antagonisme entre les classes.
  1. La suppression des trusts àelle seule ne met pas fin àl’exploitation de l’homme par l’homme.
    - Dans le cours précédent, il a été montré que le capitaliste prélevait sur l’ouvrier la plus-value. Il a été montré que pendant une partie de sa journée, l’ouvrier travaillait gratuitement pour le capitaliste et que celui-ci s’appropriait la valeur ainsi créée par l’ouvrier pendant cette partie de la journée. Ce fait ne disparaît point entièrement avec la suppression des trusts puisque le capitalisme n’est pas aboli et que la propriété des moyens de production, c’est-à-dire la possibilité de prélever la plus-value, reste individuelle.
  2. En conséquence, certaines entreprises, moyennes àl’origine, peuvent se développer et grandir.
    - Cette plus-value que le capitaliste prélève sur l’ouvrier lui permettra d’accroitre l’importance de son atelier et demain, dans une entreprise plus vaste, d’occuper un plus grand nombre d’ouvriers et de prélever sur eux une plus-value plus importante. La suppression des trusts qui ne détruit pas le capitalisme n’en finit donc pas avec ce cycle infernal. De nouveaux trusts pourraient se constituer et accomplir une Å“uvre aussi néfaste que ceux qui les ont précédés.

- Dès lors, si la suppression des trusts est sans conteste une mesure de salut national, ce n’est pas le socialisme. Et qu’est-ce donc que le socialisme ? Et quel serait le visage de la France àl’étape du socialisme ?

QU’EST-CE QUE LE SOCIALISME ?

- Le socialisme est une étape de l’histoire humaine caractérisée par deux faits essentiels : propriété sociale des moyens de production et suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme.
- Cette étape n’est, àl’heure actuelle, atteinte que dans un seul pays : l’URSS. C’est pour cette raison que nous allons très souvent, pour sortir de la théorie et prendre des exemples concrets, nous référer àl’exemple de la grande République socialiste.
- PREMIER CARACTÈRE DU SOCIALISME : propriété sociale des moyens de production
- Nous venons de voir que la contradiction essentielle du régime capitaliste résidait dans le fait qu’il y avait production collective et propriété individuelle des moyens de production. C’est cette contradiction que résout le socialisme en établissant la propriété sociale des moyens de production ; nous disons bien propriété sociale des moyens de production, ce qui ne signifie pas du tout que le socialisme supprime la propriété privée. L’exemple de l’URSS est, àcet égard, caractéristique. La propriété socialiste y revêt deux formes essentielles :

  1. propriétés d’état, qui sont le bien du peuple tout entier, telles que les mines, les usines, les chemins de fer, les forêts, etc... ;
  2. propriétés coopératives, dont le kolkhoze est le type. Après la révolution de 1917, les gros propriétaires fonciers furent expropriés sans indemnité. 164 millions d’hectares furent distribués aux paysans dont chaque famille reçut un lopin de terre. Les paysans exploitèrent leur domaine du mieux qu’ils purent avec leur bétail et leurs propres outils. Cependant, l’industrie soviétique s’était développée et pouvait offrir àl’agriculture un matériel moderne (machines agricoles, tracteurs) que le paysan, petit propriétaire, ne pouvait utiliser sur son champ de superficie trop limitée. Les paysans se convainquent bientôt que l’isolement est suranné, qu’il gêne la production, qu’il freine la modernisation de l’agriculture, qu’il est un obstacle aux rendements élevés. Ils décident de s’associer, de mettre leurs terres en commun et de constituer ainsi par la coopération une entreprise rurale moderne, et un type nouveau de propriété. C’est le kolkhoze. Ce passage de la petite production rurale àla propriété collective s’est fait volontairement. Il a été l’Å“uvre des paysans eux-mêmes. Mais la propriété privée n’est pas abolie. Elle est même garantie par les articles 9 et 10 de la constitution soviétique :
    - Article 9 : A côté du système socialiste d’économie qui est la forme dominante de l’économie en URSS, la loi admet les petites économies privées des paysans individuels et des artisans, fondées sur le travail personnel et excluant l’exploitation du travail d’autrui.
    - Article 10 : Le droit des citoyens àla propriété personnelle des revenus et épargnes provenant de leur travail, de leur maison d’habitation et de l’économie domestique auxiliaire, des objets de ménage et d’usage quotidien, des objets d’usage et de commodité personnels, de même que le droit d’héritage de la propriété individuelle des citoyens sont protégés par la loi.

- Au reste, quels que soient les résultats obtenus en URSS par la coopération agraire, il ne saurait être question de copier en France l’expérience soviétique. La propriété paysanne une fois assurée en France par le socialisme, il appartiendra aux travailleurs de la terre de choisir eux-mêmes, librement et sans contrainte, la voie qu’ils entendent suivre.
- En résumé, le socialisme garantit la propriété fruit du travail personnel, cette propriété que les trusts détruisent, mais elle supprime la propriété individuelle des moyens de production qui servent àl’exploitation de l’homme par l’homme.
- DEUXIÈME CARACTÈRE DU SOCIALISME : suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme
- Dans l’économie soustraite àl’exploitation capitaliste, le produit du travail national ira intégralement àla nation. Les travailleurs des usines socialistes bénéficieront du produit de leur travail, d’abord en tant qu’individus, ensuite en tant que membres de la collectivité nationale, la valeur de leur production leur retournant sous la forme de salaire et sous forme de dépenses économiques, sociales et culturelles.

  • Maurice Thorez, Fils du peuple, p. 197

- Dans la société socialiste, la plus-value est supprimée, puisqu’il n’y a plus de propriété individuelle des moyens de production. Les revenus produits par le travail de tous vont aux travailleurs eux-mêmes.
- La classe ouvrière travaille pour son propre compte au lieu de travailler pour les capitalistes.

  • Staline

- Le parasitisme est supprimé : les produits du travail de tous contribuent :

  • àla consolidation de l’état socialiste ; tribut apporté par chacun àl’armée du peuple, àla marine, àl’aviation, etc..., àtout ce qui est créé pour sauvegarder les conquêtes du socialisme ;
  • au perfectionnement de chaque usine, de chaque coopérative, par l’augmentation de la production, àla prospection de richesses minières nouvelles, etc...
  • àl’accroissement du bien-être de chacun (assurances sociales sans versements ouvriers, congés payés, sanatoria, maisons de repos, maisons d’enfants, etc..., etc...) ;
  • àl’élévation du niveau intellectuel et artistique des masses populaires (clubs, bibliothèques, cours, etc...).

- Si le régime socialiste supprime l’exploitation de l’homme par l’homme, il n’établit pas un régime égalitaire. Il ne nivelle pas par en bas. Il ne caporalise pas l’humanité ; c’est encore une vieille calomnie anticommuniste. Et cependant, nos classiques du socialisme s’étaient expliqués sur ce sujet en toute clarté. Relisons-les :
- F. ENGELS : Ce qu’il y a véritablement dans la revendication prolétarienne de l’égalité, c’est la revendication de la suppression des classes. Toute revendication égalitaire qui va au-delàaboutit nécessairement àl’absurde.
- LÉNINE : ... prétendre que nous rendrons tous les hommes égaux entre eux, c’est une phrase creuse et une invention stupide d’intellectuel.
- STALINE : ... le nivellement dans les besoins et la vie privée est une stupidité petite-bourgeoise réactionnaire, digne de quelque secte primitive d’ascètes, mais non point d’une société socialiste organisée d’une façon marxiste, car l’on ne peut exiger des hommes qu’ils aient tous les mêmes besoins et les mêmes goà»ts, que dans leur vie personnelle, ils adoptent un standard unique...
- Chacun est payé en fonction de la quantité et de la qualité du travail fourni. A l’étape du socialisme, les antagonismes entre classes sont supprimés ; il n’y a plus ni exploiteurs ni exploités, mais les différences entre les hommes subsistent qui tiennent soit àla nature, soit au travail.
- Loin de supprimer la personnalité humaine, les communistes veulent lui assurer le maximum de développement. Dans une France socialiste, la grande espérance humaine se réalisera par l’octroi àchacun d’une chance égale. En supprimant l’exploitation de l’homme par l’homme, le socialisme libère l’individu et la formule de chacun selon ses capacités, àchacun selon son travail caractérise cette émancipation, en même temps qu’elle crée cette émulation socialiste indispensable pour hâter le développement des forces productives au moment du passage du capitalisme au socialisme.

COMMENT SE DÉVELOPPE L’ÉCONOMIE EN RÉGIME SOCIALISTE

- Désormais personne ne peut mettre en doute les progrès extraordinaires que la production soviétique a réalisés dans tous les domaines. Une des raisons de la victoire soviétique sur les armées hitlériennes réside précisément dans la quantité et la qualité de sa production. Ce n’est point par hasard que l’URSS est devenue une telle puissance. Sans doute possède-t-elle des richesses naturelles considérables. Elles existaient avant 1917 et le tsarisme n’avait pas su les exploiter.
- Non, cette supériorité économique s’explique par le caractère socialiste de son régime. Quel est le Français patriote qui ne pourrait pas souhaiter pour notre France un système économique qui porte àun si haut point le niveau des forces productives du pays ?
- En effet, en régime socialiste, le développement des forces productives est considérable :

  1. parce que les obstacles d’origine capitaliste ont disparu ;
  2. parce que le socialisme établit une économie sans crises ;
  • parce que le socialisme crée une émulation au travail sans précédent ;
  1. parce que l’union est réalisée entre l’homme et la machine.

- Examinons rapidement ces quatre raisons du triomphe d’une économie socialiste.
- Tous les obstacles qui s’opposent au développement de la production en régime capitaliste ont disparu
- Songez en effet qu’en régime capitaliste :

  • Les trusts restreignent la production pour faire monter (ou au moins maintenir) les prix. En 1941, le président du conseil d’administration de la maison Vilmorin déclarait àdes techniciens de son industrie : Ce que nous vous demandons, ce n’est pas de produire beaucoup, mais de produire cher. Propos caractéristiques qui, un peu maladroitement, démasquent une politique générale, la politique des trusts.
    - Les machines sont trop vieilles ou, plus exactement, le machinisme n’est renouvelé que lorsque les trusts ont passagèrement intérêt àaugmenter la production. Dès que cet intérêt disparaît, le progrès technique disparaît, et telle machine qui, hier, était moderne, devient vétuste. Pas ou peu de bureaux d’études, pas ou peu de laboratoires àoutillage moderne, pas de crédits pour la recherche. En d’autres termes, quand il y a accroissement de production, cet accroissement n’est pas continu : il est volontairement temporaire ou limité àtelle ou telle branche de l’économie.

- Le régime socialiste a pour but d’accroitre d’une manière illimitée la production. Les contradictions du régime capitaliste y sont inconnues. La technique est sans cesse perfectionnée. Savants et ingénieurs ont àleur disposition les laboratoires et les bureaux de recherches tandis qu’il est fait appel àl’initiative de chaque ouvrier pour que s’améliorent en même temps les conditions de travail et les conditions de la production.

- Le socialisme établit une économie sans crises
- Une autre caractéristique du régime capitaliste, c’est l’apparitions de crises périodiques de plus en plus rapprochées.
- F. Engels en a décrit le mécanisme de manière très vivante :
- Le commerce s’arrête, les marchés sont encombrés, les produits sont là, àla fois en masse et en souffrance ; l’argent comptant devient invisible, le crédit s’évanouit, les fabriques chôment, les masses ouvrières manquent, pour en avoir trop produit, de moyens d’existence ; les faillites succèdent aux faillites, les ventes forcées aux ventes forcées. L’engorgement dure des années entières ; forces productives et produits sont en masse gaspillés et détruits jusqu’àce que les stocks de marchandises accumulées s’écoulent enfin avec une dépréciation plus ou moins forte, jusqu’àce que production et échanges reprennent graduellement leur marche. Progressivement l’allure s’accélère, passe au trot ; le trot industriel devient galop et ce galop s’accélère de nouveau jusqu’au ventre àterre d’une chasse àcourre générale de l’industrie, du commerce, du crédit, de la spéculation, pour finir, après les sauts les plus périlleux, par se retrouver dans le fossé du krach. Et toujours la même répétition...
- Le régime socialiste ne connait pas et ne peut pas connaître de telles crises. Rappelons-nous que de 1929 à1932, tandis que les pays capitalistes d’Europe et d’Amérique se débattent au sein d’une crise qui revêt parfois l’allure d’une catastrophe (12 millions de chômeurs aux USA, ruine d’innombrables entreprises industrielles et commerciales), l’URSS réalise triomphalement son premier plan quinquennal.
- Que se passe-t-il en effet en régime socialiste ? Les forces productives progressent sans limites, nous l’avons vu. Elles servent non pas àl’enrichissement d’une poignée d’individus, mais bien àla satisfaction des besoins des masses populaires. Ces besoins croissent sans cesse.
- Chez nous, en URSS, l’accroissement de la consommation (pouvoir d’achat) des masses dépasse sans cesse l’accroissement de la production àlaquelle il sert de stimulant... L’amélioration systématique de la situation des travailleurs et l’accroissement ininterrompu de leurs besoins constituent un stimulant de plus en plus fort àl’élargissement de la production, préservent la classe ouvrière contre les crises de surproduction, l’extension du chômage.

  • Staline

- Le socialisme crée une émulation au travail sans précédent
- Il existe en effet, en régime socialiste, une émulation au travail qui est ailleurs inconcevable. L’ouvrier, le kolkhozien, le savant - le travailleur, quel qu’il soit - savent que toute augmentation de la production aboutit àune amélioration du bien-être. Il y va donc de leur intérêt immédiat. De plus, un homme nouveau nait du régime socialiste, un homme animé d’une conscience socialiste. Les ouvriers, non contents d’exécuter les plans d’édification (qui sont d’ailleurs leur Å“uvre pour une large part). Les stakhanovistes (travailleurs de choc) ont été en URSS, àl’image de leur modèle Stakhanov, les héros de cette bataille de la production.
- Le plus remarquable dans l’émulation, c’est qu’elle révolutionne les idées des gens sur le travail, qu’elle le transforme, alors qu’il était naguère une charge lourde et pénible, en une question d’honneur, de gloire, de vaillance et d’héroïsme.

  • Staline

- Le socialisme réalise l’union de la machine et de l’homme
- En régime capitaliste, l’ouvrier redoute la machine, car si elle augmente la production, elle peut conduire au chômage et transformer l’homme lui-même en machine. Souvenons-nous des grandes manifestations ouvrières du 19è siècle, en France et en Angleterre, au cours desquelles on vit les ouvriers détruire les machines qui les privaient de leur travail artisanal et les réduisaient àla misère. Plus récemment, n’a-t-on pas vu, dans les grands ports, des conflits éclater parmi les dockers parce qu’on voulait introduire des méthodes de déchargement des navires qui réduisaient la main-d’Å“uvre ?
- En régime socialiste, la machine est l’amie de l’ouvrier. Elle améliore ses conditions de travail et lui permet d’augmenter une production qui sert son état et accroit son bien-être et celui des siens.
- Donc, disparition de tout ce qui s’oppose àl’épanouissement des forces productives, absence de crises génératrices de misère, émulation socialiste, union intime de l’homme et de la machine, tels sont les traits qui caractérisent le développement de l’économie en régime socialiste. Cet essor illimité de la production, cette naissance d’une conscience socialiste de mieux en mieux assurée, réalisent progressivement les conditions du passage du socialisme au communisme.

COMMENT SE FAIT LE PASSAGE DU SOCIALISME AU COMMUNISME ?

- Dans la première phase de leur évolution, quand la société nouvelle vient de sortir de la société capitaliste,

  • le développement des forces productives est encore insuffisant, les survivances morales de l’ancienne société n’ont pas disparu dans l’esprit des hommes. Dès lors, il n’est pas possible de donner àchaque travailleur indépendamment du travail fourni par lui. Chacun travaillant selon ses capacités recevra selon son travail.
  • Mais il arrive un moment où les forces productives s’accroissent au point que toutes les sources de la richesse collective jaillissent avec abondance (K. Marx).
    - Alors surgit une nouvelle étape et la société peut inscrire sur ses drapeaux : de chacun selon ses capacités, àchacun selon ses besoins (K. Marx).
    - Reportons-nous toujours àl’exemple soviétique :
    - PROGRÈS MATÉRIEL - Le fonds des salaires passe, de 1933 à1937, de 34 milliards de roubles à81 milliards.
    - Le fonds des Assurances sociales de 4600 millions à5600 millions de roubles.
    - PROGRÈS CULTUREL - Le nombre des étudiants augmente et en pleine guerre, la durée de la scolarité est augmentée d’un an.
    - Dès lors, la révolution socialiste marche àgrands pas vers une société nouvelle où non seulement les antagonismes de classe, mais les classes même auront totalement disparu.
  • Déjàles différences entre travailleurs manuels et intellectuels, entre la ville et la campagne, tendent às’effacer.

- Les intellectuels ne sont plus ces intellectuels encroà»tés qui prétendaient se placer au-dessus des classes, mais des intellectuels absolument nouveaux, liés par toutes leurs racines àla classe ouvrière et àla paysannerie (Staline).
- Les ouvriers ne sont plus uniquement des manuels ; ils réfléchissent sur leurs conditions de travail, leurs inventions sont àl’origine de bouleversements importants dans l’économie soviétique.
- Le mouvement stakhanoviste contient le germe du futur essor culturel et technique de la classe ouvrière. Il ouvre devant nous la seule voie qui puisse nous permettre de passer du socialisme au communisme et supprimer les contradictions entre le travail intellectuel et le travail manuel.

  • Staline

- Dans le même temps, le paysan est devenu kolkhozien, et dès lors cette paysannerie ne base plus son travail sur une forme individuelle de la propriété et sur une technique arriérée, mais sur une production coopérative et une technique moderne. Les différences entre ruraux et citadins tendent sur cette base às’évanouir : l’unité nationale devient totale par le passage du socialisme au communisme. C’est pour cette raison que la victoire soviétique est une double victoire : une victoire de la technique socialiste et une victoire du patriotisme socialiste.

CONCLUSION

- L’attitude des communistes quant àl’avenir de la France est donc très nette, sans équivoque et authentiquement nationale :

  1. Dans l’immédiat et pour sauvegarder notre indépendance nationale, pour ne pas permettre àune cinquième colonne de saboter le redressement du pays : suppression des trusts.
  2. Cette mesure n’est pas le socialisme. Elle laisse subsister les caractères essentiels du capitalisme. Les communistes français, par delàla suppression nécessaire des trusts, entendent, fidèles àleur idéal, convaincre le peuple de France de la nécessité de réaliser la société socialiste, première étape sur la route du communisme. Et, ce faisant, les communistes français restent français et patriotes. Leur communisme est même la forme moderne du patriotisme, le patriotisme du 20è siècle. En effet, la nation ne réalisera parfaitement son unité, elle ne s’épanouira pleinement que dans une France sans classes.

    Bibliographie

    - E. Fajon et A. Marty, Le sabotage des trusts (préface de Jacques Duclos)
    - Histoire du Parti communiste (bolchévik) de l’URSS (chapitres 8, 9, 10, 11, 12)

P.-S.

- Brochure rédigée au mois d’octobre 1944

- Note de 2008 : le mot russe kolkhoze est traditionnellement traduit par l’expression française coopérative agricole ; mais ce n’est qu’une traduction approchée : l’expression coopérative d’économie rurale serait beaucoup plus appropriée.

- Leçon 3 : la démocratie française et son avenir

- Leçon 1 : notions économiques sur la France

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0