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Terrorisme contre communisme

Du terrorisme et de ses variétés

lundi 8 décembre 2008, par Jean-Pierre Combe

- L’article l’antagonisme du terrorisme et du communisme démontre que l’incompatibilité du communisme et du terrorisme est essentielle : elle résulte du fait que le terrorisme répand la peur, la terreur pour faire taire toute opposition àla politique d’une toute petite minorité, alors que le mouvement communiste porte un effort de penser individuel et collectif qui conduit les exploités et les autres opprimés àdire, àfaire, àrendre majoritaire la politique par laquelle ils mettront fin àl’exploitation qui cause leur misère, ainsi qu’au pouvoir politique qu’exercent les exploiteurs. C’est un antagonisme essentiel.

- Un effet important de cet antagonisme est que lorsque des communistes croient qu’un attentat terroriste peut avoir des effets positifs pour le progrès de l’humanité, ils se trompent lourdement : ils commettent en effet l’erreur d’oublier qu’en pratique, le terrorisme, de quelque côté qu’il se soit proclamé, est conduit par son essence àinhiber l’activité politique de chaque citoyenne et de chaque citoyen : c’est pour cette raison qu’il a toujours fait entrave au progrès de la revendication de mieux vivre tournée contre la cause de la misère populaire, contre l’exploitation du travail des membres du peuple par les minorités privilégiées.
- Lénine ne l’a jamais oublié : appeler les communistes às’expliquer devant les masses, devant le peuple, àfaire confiance au peuple, àla capacité de chaque membre du peuple de comprendre, àl’intelligence de chacune et de chacun est une constante de ses discours et de ses textes. Sans doute a-t-il été amené àréfléchir sur le terrorisme et àprendre résolument parti contre lui par le destin de son frère aîné, qui s’était livré au terrorisme et qui en est mort, alors que lui-même avait àpeine commencé de prendre conscience de la vie politique de son pays.
- Pour Lénine, la prise de parti contre le terrorisme est donc fondamentale : elle participe de sa prise de conscience politique et se place àla source de sa prise de parti communiste ; dans la suite de son histoire révolutionnaire, Lénine n’a jamais confondu l’action terroriste avec la guerre, et s’il a accepté de faire la guerre révolutionnaire, il s’est toujours gardé de la tentation terroriste.
- En vérité, les raisons qui ont conduit Lénine àrejeter le terrorisme sont celles que j’ai exposées dans l’article l’antagonisme du terrorisme et du communisme : Lénine les avait constatées bien avant moi, et avant lui, Babeuf s’était fondé sur elles pour se prononcer contre le vote de la loi robespierriste de la Terreur (évaluer le sens de cette loi et de son application est un problème de l’histoire, qu’il faut traiter, mais dans un autre contexte de travail que la présente étude).
- Cela étant, l’Europe occidentale est, depuis quatre décennies, le théâtre d’attentats terroristes que la presse bourgeoise classe en deux catégories : les uns relèveraient d’un « terrorisme de droite », et les autres, d’un « terrorisme de gauche ».
- Ce classement doit attirer l’attention des communistes : en effet, leur opinion la plus répandue est que tous leurs alliés potentiels, toutes les forces politiques et sociales avec lesquelles ils peuvent s’allier portent l’étiquette « de gauche ».
- Cette opinion dominante est un piège : elle tend en effet àenfermer les communistes dans une obligation de solidarité avec toute la gauche, poussée jusqu’au point de leur inspirer quelque sympathie pour les « terroristes de gauche », s’il venait às’en découvrir : la « gauche » s’étend en effet très loin, comme nous le savons, des réformistes les plus réactionnaires àdes partisans théoriques de la violence, et il n’y a de limite entre ceux-ci et les « terroristes de gauche » que celle, malgré tout importante, qui sépare la théorie de la pratique.
- Si ce piège se refermait sur les communistes, il suffirait alors àla bourgeoisie d’organiser quelques « attentats terroristes de gauche » pour mettre en prison tous les communistes ; cette hypothèse n’est ni une vue de l’esprit, ni un procès d’intentions : notre histoire sociale et politique des deux derniers siècles écoulés est riche de telles machinations ourdies par la bourgeoisie et exécutées par son Etat.
- Comment peut-on distinguer un « terrorisme de gauche » d’un « terrorisme de droite » ? L’histoire nous le montre :
- Pour faire peur, les terroristes doivent démontrer leur capacité de détruire : le moyen le plus direct de faire cette démonstration est de commettre des attentats contre les biens matériels ou contre les personnes, par des destructions, des enlèvements ou des assassinats.
- Les nuances qui peuvent exister entre les politiques terroristes se situent dans leurs intentions : celles-ci sont souvent proclamées, et toujours inscrites dans le choix des cibles visées par les attentats ; il faut au terrorisme prendre pour cibles de ses attentats des biens ou des personnes auxquels ceux dont il veut modifier le comportement politique attachent quelque importance ; c’est cela qui relie la cible de chaque attentat àla population dans laquelle le terrorisme prétend répandre la peur.
- Tels sont nos moyens de distinguer entre un « terrorisme de droite » et un « terrorisme de gauche » : l’analyse des proclamations et celle des cibles des attentats.
- Mais les proclamations que font les terroristes de leurs intentions sont faites pour n’engager que ceux qui y croient !
- Au bout de cette analyse, l’histoire des dix-neuvième, vingtième et du début du vingt-et-unième siècles nous a montré que les actes terroristes « de gauche » effraient àtrès peu près la même population que ceux « de droite », et qu’ils contribuent eux aussi àinhiber la réflexion politique des membres du peuple sans distinction de couleur politique ; cette même histoire nous a montré de plus que les actions terroristes « de gauche » n’ont jamais fait reculer les actions terroristes « de droite », et que bien souvent, les groupes de « terroristes de gauche » ont été manipulés par des terroristes « de droite », par la police bourgeoise, ou par les deux.
- Que le terrorisme soit « de droite » ou « de gauche », c’est l’intention de faire peur qui conduit le choix des objectifs de ses attentats : l’intérêt du progrès humain est totalement étranger àla méthode du terrorisme, et celui-ci est toujours entaché d’irrationnel, qui est un facteur favorable àla montée de la peur.
- Les communistes ne peuvent en aucun cas se sentir ou se déclarer solidaires de terroristes, ni même passer l’éponge sur leurs attentats si minimes soient-ils.

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