Ami de l’égalité

Définir la propriété nationale, qui recevra les entreprises et les capitaux confisqués aux plus gros propriétaires capitalistes !

Pour de vraies nationalisations !

Article publié par le numéro 105 d’« Initiative communiste »

vendredi 14 janvier 2011, par Jean-Pierre Combe

- Il est nécessaire de mettre fin au pouvoir politique des propriétaires des plus gros capitaux : cette opération consiste àles exproprier.

- Je l’ai montré dans les articles Défendre les retraites, défendre le principe financier de répartition, Par quels moyens le parti capitaliste détruit les retraites par répartition, et Est-il impossible de combattre sur le champ économique le pouvoir des propriétaires des plus gros capitaux ?.
- Il s’agit donc de confisquer aux propriétaires des plus gros capitaux leurs entreprises et leurs capitaux terriens, miniers, industriels, commerciaux ou financiers (aussi bien bancaires, tant d’affaires que de dépôt, que d’assurances ou de prévoyance), quelle que soit la nature des biens réels que ces capitaux représentent ;
- une question se pose alors : que fera-t-on des biens confisqués ?
- L’histoire de la France d’après 1945 nous en donne deux exemples : l’un contemporain de la Libération, et l’autre, datant de 1982.

Etatisation...

- C’est vraiment par abus de langage que l’on a appelé « nationalisations » les transferts de propriété opérés en 1982 : les capitaux réels et comptables sur lesquels ont porté ces transferts sont restés en effet sous le régime de la propriété privée : on a seulement inscrit sur les titres de ces propriétés les noms de hauts fonctionnaires chargés d’exercer la propriété, en leur qualité de représentants de l’Etat, mais selon le mode privé : ces nouveaux titulaires ont toujours exercé les pouvoirs de propriétaire selon les modalités régies par le droit de la propriété privée, celles qui donnent au propriétaire un pouvoir totalitaire sur ses capitaux, sur ses biens réels et surtout sur les entreprises soumises àson contrôle et sur leurs salariés ; ce furent de véritables étatisations, et la démocratie en fut la grande absente : l’échec de toute l’opération fut la conséquence nécessaire et rapide de cette absence, puisqu’il a suffi de trois ans pour que soient rendues àdes propriétaires privés toutes les entreprises et tous les capitaux qui en avaient été l’objet : passé 1986, il ne restait rien des prétendues nationalisations de 1982, et les salariés se retrouvaient gros Jean comme devant !

ou nationalisation !

- Au contraire, et bien qu’elles n’aient pas été parfaites, les nationalisations de la Libération étaient portées par le mouvement intense de démocratisation profonde initié par la Résistance : ce mouvement a submergé d’anciens barrages sociaux et étatiques et déplacé des digues, irriguant aussi les quelques nationalisations opérées en 1936 sous l’impulsion du Front populaire ; il en est résulté de multiples progrès dans la vie sociale et dans la production : les entreprises nationalisées firent progresser considérablement les conditions de travail et servirent de bien meilleurs salaires àleurs ouvriers, nos concitoyens firent plus grande connaissance de ces entreprises, et leur rapport aux entreprises de service public fut transformé, faisant apparaître un véritable statut d’usager en lieu et place des anciennes pratiques qui ne distinguent pas usagers et clients...
- Fortement organisés dans leur « syndicat », les patrons capitalistes n’ont jamais renoncé àreprendre possession des biens nationalisés : dès la mise en chantier de ces lois, et sans cesse depuis, le patronat les a sabotées, tout en développant une propagande intense et totalitaire de dénigrement et de calomnies des entreprises nationalisées, ainsi que de diffamation de leurs salariés, visant principalement les ouvriers.

Une conséquence de la démocratisation...

- Cela étant, les nationalisations de la Libération ont produit deux résultats importants : l’un est l’immense progrès économique et technique accompli en France dans tous les domaines de la Libération àla fin des années désignées par les « médias » sous le nom des « trente glorieuses » ; l’autre est l’attitude active adoptée par la classe ouvrière et, autour d’elle, par le peuple travailleur de notre pays pour défendre les nationalisations, et pour défendre aussi la démocratie qui en était le ressort, contre les prétentions des propriétaires des plus gros capitaux.
- C’est en conséquence de tout cela que la durée des nationalisations de la Libération s’est établie, selon les entreprises, de vingt àsoixante ans.
- Une étude historique plus documentée, plus précise et plus systématique apporterait certainement beaucoup àla connaissance de l’après-guerre de 1944-45 ; mais les différences établies entre les nationalisations de la Libération et les prétendues nationalisations, et véritables étatisations, de 1982 nous mettent en droit d’affirmer que la nationalisation n’existe en réalité que si elle est animée par un mouvement de démocratie, assez grand pour toucher tous les citoyens et toutes les institutions de la société, et assez profond pour transformer la propriété elle-même, créant réellement le mode national de la propriété.

...qui appelle la poursuite de la démocratisation !

- Il n’y a donc pas de nationalisation sans démocratisation de la propriété, ce qui implique de démocratiser d’abord les processus qui déterminent et mettent en œuvre la politique des entreprises ; cette démocratisation ne prend tout son sens que lorsque les travailleurs salariés de l’entreprise participent réellement, àtous les niveaux, àla conduite et àla gestion de l’entreprise et du capital qui y est investi.
- De ce point de vue, nous avons, dans l’expérience de notre peuple, deux sources àexploiter pour élaborer la formulation des revendications concrètes qui aboutiront àl’expropriation des propriétaires des gros capitaux de la terre, de l’industrie, du commerce et de la finance : l’une, ce sont les expériences antérieures, contradictoires, de nationalisation et d’étatisation ; l’autre source, c’est toute l’histoire concrète des coopératives de production et de consommation, des mutuelles, ainsi que des associations de toutes sortes que le mouvement populaire de notre pays a pu créer en deux siècles de recherche de sa propre organisation.

Vers la « socialisation »

- Chaque coopérative, chaque mutuelle et chaque association formée par le mouvement ouvrier est en effet une tentative de créer un processus démocratique dont l’objet est une activité de l’économie, et, pour les associations, un mouvement de la culture, que l’on veut placer hors de portée de l’autorité capitaliste ; d’un côté, l’étude contradictoire des nationalisations et des étatisations est nécessaire pour bien concevoir la démocratie dans laquelle il faut immerger l’entreprise, et notamment ce que doit être la planification démocratique ; de l’autre côté, l’étude complémentaire de la précédente, des coopératives, des mutuelles et des associations est nécessaire pour bien concevoir ce que doit être la démocratie interne de l’entreprise, celle qui détermine sa politique, sa gestion et la gestion de son capital ; tout cela est nécessaire pour donner son plein sens àla démocratie en économie, pour réaliser l’unité de la démocratie du plan économique au plan politique.
- Nationaliser et socialiser une entreprise ou un groupe d’entreprises, ce sont deux approches différentes du processus qui donnera ànotre peuple les moyens concrets d’exercer collectivement la propriété sur les principales entreprises du pays. Il faut donner au mode national de la propriété toutes les caractéristiques qui feront de lui un mode social de la propriété.

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