O Liberté, Liberté sainte !
Déesse d’un peuple éclairé,
Règne aujourd’hui dans cette enceinte,
Par toi ce temple est épuré. (bis)
Liberté ! devant toi,
La raison chasse l’imposture,
L’erreur s’enfuit,
Le fanatisme est abattu :
Notre évangile est la Nature,
Et notre culte est la vertu, (ter)
Ton temple, aux rivages du Tibre,
Sous les Gracchus (1) eà »t pu fleurir ;
Un peuple indigne d’être libre
Sans les venger les vit périr. (bis)
Liberté tu n’étais
Que la vaine idole de Rome
Mais ton triomphe
Est plus assuré parmi nous :
Ce n’est point le vœu d’un seul homme
C’est le vœu le besoin de tous. (ter)
Longtemps nos crédules ancêtres
Laissèrent usurper leurs droits ;
Liés de l’étole des prêtres,
Courbés sous le sceptre des rois. (bis)
Qu’aux accents de ta voix
Tombent les sceptres et les mîtres !
Du genre humain
Que les droits partout soient gravés !
Le monde avait perdu ses titres,
La France les a retrouvés ! (ter)
Enfants d’une mère commune,
Les hommes en droits sont égaux
Mais l’égoïsme et la fortune
Avaient rompu des nœuds si beaux. (bis)
Liberté, grâce à toi,
L’égalité nous sert d’enseigne !
Le sot orgueil
N’a plus ses hochets insolents
On ne distingue, sous ton règne,
Que les vertus et les talents. (ter)
O quelle riante espérance
Du monde embellit l’horizon !
Le vieux bandeau de l’ignorance
Est déchiré par la raison. (bis)
A ta voix Liberté,
Le prêtre s’éclaire lui-même :
Il devient homme,
Il veut se rendre citoyen ;
La tiare et le diadème
Devant ce titre ne sont rien. (ter)
Quels tributs à l’Etre suprême
Sont les plus dignes d’être offerts ?
Ceux d’un peuple que le ciel aime
Puisqu’il a su briser ses fers. (bis)
Liberté, sous tes lois,
Oui, la morale est plus auguste ;
De sa lumière
Un cœur libre est plus pénétré.
Pour être bienfaisant et juste,
Il ne faut ni roi ni curé. (ter)
Aimer sa patrie et ses frères,
Servir le peuple souverain,
Voilà les sacrés caractères
Et la foi d’un Républicain. (bis)
D’un enfer chimérique
Il ne craint point la vaine flamme ;
D’un ciel menteur
Il n’attend point les faux trésors ;
Le ciel est dans la paix de l’âme,
Et l’enfer est dans les remords. (ter)