Rappelons enfin que des raisons antérieures font que Monsieur Khaddafi n’est pas notre allié.
Cela étant, nous constatons aujourd’hui que la guerre faite en Lybie par l’Etat français de Monsieur Sarkozy avec le soutien actif de l’OTAN n’aboutit pas : les positions des camps affrontés s’immobilisent, et les frappes aériennes n’obtiennent rien de plus que d’entasser les cadavres : c’est l’enlisement. Monsieur Sarkozy, l’OTAN et les puissants qu’ils servent semblent avoir perdu leur guerre éclair.
- Dans ces circonstances que les services dits d’intelligence n’avaient pas prévues, certaines vérités se font jour et notamment le fait que les principaux chefs de la rébellion contre Khaddafi sont d’anciens pontifes de la police et de la sà »reté lybienne : à ce titre, ils portent d’importantes responsabilités dans les crimes les plus graves naguère imputés au gouvernement lybien.
Il est donc pertinent de tenter la chance d’aider la vérité à venir au jour.
Ecartons d’abord quelques idées confuses :
- « Cette intervention coà »te cher, et pour cette raison, il faut y mettre fin » : il est vrai que l’intervention coà »te cher, mais elle n’augmente que de très peu le coà »t mensuel du maintien sur pied de l’armée de métier ; les bombardements et les vols des hélicoptères et des avions consomment des munitions bientôt périmées, qu’il faut donc renouveler de toutes façons, et guère plus de carburant que les exercices et manœuvres en temps de paix ; la dépense supplémentaire que cela représente se monte, selon notre gouvernement, à 1,67 euros par habitant de notre pays pour les cent premiers jours de l’intervention.
- en vérité, c’est l’armée de métier qui coà »te cher, et l’intervention en Lybie montre le danger de ce système militaire : il met les moyens de toutes les aventures entre les mains de gouvernants habitués à rejeter sur d’autres la responsabilité de leurs actes ;
- en quoi les frappes que les avions et les hélicoptères français assènent à Tripoli et aux alentours servent-elles les intérêts de la nation française ? En rien.
- « Les soldats risquent leur vie (une version de cette idée entendue à propos de l’intervention en Afghanistan dit : les soldats meurent), mais on n’en a rien à faire : ils se sont engagés, ils l’ont voulu, tant pis pour eux » : ce commentaire j’m’enfoutiste tend à permettre au gouvernement de continuer la guerre, en nous détournant du grave problème qu’elle pose : c’est en notre nom que l’on bombarde et que l’on tue, et nous devrions nous taire ? Ce serait plutôt irresponsable de notre part !
- « Ah ! Si l’on avait envoyé des appelés, l’opinion française réagirait » : mais c’est justement pour qu’engager le drapeau français dans des guerres injustes, pour que le souiller dans la fange ignoble de ces guerres devienne facile, que les gouvernements de notre pays ont supprimé la conscription et étendu à toute notre armée le système professionnel, la transformant ainsi en une armée de métier ;
- ils ont ainsi multiplié la difficulté de défendre les intérêts nationaux violés par l’engagement dans des guerres injustes, et multiplié la difficulté de défendre la paix : mais est-ce que cela doit conduire les citoyennes et les citoyens, les amis de la paix, à jeter le manche après la cognée ? Non, n’est-ce pas ?
Donc, tâchons de poser les problèmes comme ils doivent l’être : il s’agit d’une guerre, et nous savons que la guerre est un moyen de la politique ; il faut donc examiner les objectifs politiques des belligérants.
Le gouvernement de Monsieur Khaddafi n’a pas pris l’initiative de la guerre : nous devons constater par conséquent qu’il n’avait pas de but positif.
Ce sont les gouvernements de la France et de la Grande-Bretagne qui ont pris l’initiative de la guerre, s’étant assurés pour le faire qu’ils avaient le soutien actif de l’OTAN et l’appui solide des Etats-unis d’Amérique.
Afin de justifier leur initiative, ils ont intensément propagé la proclamation de leur prétention à aider une insurrection populaire de tout le peuple lybien qui semblait commencer dans la région de Benghazi : comment, et dans quel sens réel sont-ils intervenus au Bahrein, en Egypte ? Comment et dans quel sens interviennent-ils en Syrie, au Yémen, au Maroc ?
Ils ont assorti leur proclamation relative à la Lybie de l’assurance que seuls quelques chars barraient à l’insurrection la voie vers la victoire.
Mais en même temps, les désordres et les dangers résultants de l’insurrection ont fait fuir dans la précipitation la plupart des étrangers à la Lybie, en majorité travailleurs et étudiants africains ; cet exode a porté un grave préjudice au peuple saharaoui exilé par l’occupation marocaine de son pays : jusqu’alors en effet, les enfants saharaouis pouvaient suivre en Lybie les études dont ils avaient besoin (rappelons à ce propos que le front POLISARIO est laïc et qu’il a élaboré, pour définir les futures institutions qui, dans son pays, succèderont à la loi marocaine, une constitution qui fait de la République arabe saharaouie démocratique (RASD) une république laïque).
Ceux qui bombardent Tripoli pour abattre le gouvernement de Monsieur Khaddafi, ne sont-ils pas des alliés sà »rs pour le roi du Maroc ? De quel œil observent-ils la lutte du peuple du Sahara occidental pour sa terre et pour son indépendance ?
Rompre la possibilité d’étudier dont jouissent les enfants du peuple saharaoui, n’est-ce pas un des buts de la guerre OTANienne ?
Observons qu’il est très vite apparu que le peuple lybien n’est pas unanime derrière l’insurrection, et que la destruction des quelques chars n’a pas ouvert à l’insurrection la route du pouvoir : cela épaissit encore le doute jeté sur l’insurrection par la personnalité de ses principaux chefs : où est sa légitimité ?
Les gouvernants qui l’aident dans cette guerre sont ceux qui s’efforcent ouvertement de former autour d’eux le gouvernement du monde : de cette circonstance naît irrésistiblement l’hypothèse que l’insurrection de Benghazi pourrait bien avoir été suscitée et manipulée par ces puissants personnages qui rêvent de venir les empereurs du monde.
Sous cette hypothèse, leur but concret est clair : c’est de prendre pour eux-mêmes et pour leurs proconsuls le pouvoir politique sur ce territoire et d’en faire une base d’interventions, militaires et autres, dans tous les pays du proche-orient, d’Afrique et du sud de l’Europe, en même temps que de s’assurer le contrôle exclusif de ses ressources naturelles (par exemple, du pétrole).
Quant à l’intérêt de la paix, c’est clairement de dénoncer l’intervention militaire étrangère, qu’elle soit ouverte ou secrète, et d’agir pour la faire cesser : quelles que soient les difficultés de la situation dans laquelle cette intervention a plongé le peuple lybien, c’est ce peuple et lui seul qui peut les surmonter et ramener la paix : s’il peut librement entreprendre de le faire, alors nous pourrons lui apporter le soutien de notre solidarité.