Lorsqu’ils vivaient de pêche, de chasse et de cueillette, la vie quotidienne de chacun de leurs groupes dépendait de l’aptitude de leurs membres à trouver les gibiers, poissons ou plantes dont ils se nourrissaient, s’habillaient ou confectionnaient leur habitat : la connaissance des saisons est née de ce besoin, et sa maintenance leur facilitait grandement ces tâches.
Le développement de l’élevage et la sédentarisation des sociétés humaines, qui s’accompagnait du développement de l’agriculture, ne firent qu’accroître le besoin de calendriers élaborés et précis.
Notre dix-huitième siècle connaissait des calendriers créés à des époques où les sociétés étaient pour la plupart sédentarisées, divisées en classes et en castes et fortement hiérarchisées : tous ces calendriers portent la marque de la domination d’une caste ou d’un ordre sur toute la vie sociale.
En théorie, les révolutionnaires français étaient convaincus de l’égalité humaine et mandatés pour l’inscrire dans les institutions : ils ont mis en chantier un calendrier qui serait indemne de toute trace d’inégalité et vaudrait désormais pour la société dont les membres naissent et demeurent libres et égaux en droits jusqu’à leur mort ; c’est ainsi qu’une commission de la Convention rédigea le calendrier républicain.
Ce calendrier définit l’année de la façon suivante : elle commence le jour où le soleil traverse le plan de l’écliptique pour passer de l’hémisphère nord dans l’hémisphère sud ; c’est le jour équinoxe d’automne. Donc, l’année du calendrier républicain est l’année astronomique commençant le jour équinoxe d’automne ; elle est ordinaire comme l’année astronomique et bissextile comme l’année astronomique.
Il s’ensuit que la détermination des années bissextiles n’obéït pas à la règle du millésime divisible par quatre, qui gouverne le calendrier julien, même si on excepte de cette règle les années séculaires non millénaires, comme le fait le calendrier grégorien.
Cette différence entre d’une part, le calendrier républicain, et d’autre part les calendriers julien et grégorien est essentielle : le calendrier républicain est laïc, alors que les calendriers julien et grégorien sont ethniques, c’est-à -dire définis par une convention qui substitue l’application d’une règle conventionnelle à la représentation directe du mouvement de la nature (en l’occurrence, le mouvement des astres).
La Convention avait la volonté de faire œuvre concrètement laïque.