Dans ce texte, il dénonce et critique l’impuissance où sont plongés les partis français portant l’étiquette « de gauche » ; deux raisons font que cette critique est très bonne :
- d’abord sur le plan économique, elle avance des arguments justes et forts que personne n’a encore réussi à réfuter ;
- ensuite sur le plan de l’action concrète, elle développe une revendication absolument juste : celle de détruire le système de domination et d’aliénation qui emprisonne les peuples et dont les murs principaux sont l’Union européenne et l’OTAN, et d’en finir avec l’Euro, monnaie unique de cette prison.
Mais pour que cette critique soit excellente, il lui manque de poser la revendication la plus essentielle, celle qu’avait formulée le CNR, celle que commençait de satisfaire le projet de constitution de l’Assemblée constituante élue le 21 octobre 1945, voté par elle le 19 avril, puis rejeté le 5 mai 1946 par référendum sous l’effet d’une immense vague de dénigrement réactionnaire : la satisfaction de cette revendication donnerait vraiment à notre peuple, et aux autres peuples qui voudraient bien s’en saisir, la faire leur et la réaliser, les moyens de mettre fin une bonne fois pour toutes à toute cette misère ; la revendication manquante, c’est :
- de confisquer les biens appartenant aux propriétaires des plus gros capitaux actifs dans notre pays, de soumettre ces biens à la propriété nationale (ou sociale, c’est la même chose), de définir enfin les règles selon lesquelles sera désormais gérée la propriété nationale de telle manière que chaque membre de notre peuple, chaque ouvrier des entreprises appartenant à la nation, participe concrètement à l’exercice de la propriété nationale (c’est ce principe qui fait de la propriété nationale une propriété sociale) ;
- et de limiter en même temps les droits des propriétaires de biens privés, afin de leur interdire de gérer leurs biens de manière à porter préjudice à la propriété nationale ou à la propriété d’autrui.
Que personne ne vienne me dire que le moment de poser cette revendication n’est pas venu : c’est bien au moyen de leurs droits de propriétaires privés que les capitalistes ont arrêté, en 1948, puis démantelé, à partir du milieu du siècle, la politique de la Libération ; c’est bien en exerçant leurs droits de propriétaires privés qu’ils ont entrepris, sur les conseils intéressés de Robert Schumann, la malfaisante construction européenne, et qu’ils commettent avec une grande assiduité les énormes dégâts dont nous voyons les effets en observant la ruine de notre pays !
Oui, Jacques Nikonoff fait une bonne critique de la pétition de l’Humanité, mais comme presque tout le monde en France, il oublie que le plus fort pilier du pouvoir politique des propriétaires des plus gros capitaux n’est pas l’Etat qui les sert, mais bien leur propriété et l’ensemble des biens de toutes natures sur lesquels ils exercent cette propriété !
Confisquer leurs biens pour les soumettre à la propriété démocratique de la Nation est une revendication pertinente et urgente !...