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Vers une méthode laïque pour résoudre les conflits d’idées

vendredi 20 avril 2012, par Jean-Pierre Combe

-Le pluralisme pose en principe que toutes les idées se valent : sur cette base, il est évidemment impossible de résoudre les conflits qui naissent de la confrontation d’idées incompatibles ; c’est cette impossibilité qui impose aux personnes ou aux groupes en conflit de recourir àune autorité ;

- mais l’autorité elle-même n’a pas beaucoup de moyens de bâtir une solution : elle ne peut que prendre parti pour l’un des camps, pour l’autre, ou les renvoyer dos àdos en les séparant et en les maintenant séparés !
- Le pluralisme intervient donc dans la vie sociale comme un principe d’autorité et de division (ces deux principes marchent ensemble, selon le proverbe diviser pour régner que nous connaissons depuis la plus haute antiquité).
- En somme, le pluralisme ne résout pas les conflits d’idées : il les met en veilleuse, et si la mise en veilleuse ne fonctionne pas, il les mets sous l’étouffoir de l’autorité ; mais ces conflits ressurgissent àtout moment sous tous les prétextes, comme nous l’enseigne l’histoire de notre pays telle qu’elle s’est déroulée depuis le Moyen Age jusqu’àla Révolution.
- Or, la Révolution qui s’est déroulée de 1789 à1793 dans notre pays a mis un terme aux conflits interreligieux qui l’avaient ensanglanté pendant le Moyen Age et qui l’inquiétaient sans cesse depuis, malgré l’étouffoir de la Monarchie absolue ; je l’ai dit dans l’article Pouvons-nous renoncer àla laïcité ? : c’est en plaçant le principe de laïcité dans la base de notre vie sociale qu’elle a réussi la paix religieuse.
- Ce principe n’a pas été nommé d’abord : il était simplement une condition nécessaire des rapports mutuels que la nation imposait aux citoyens d’entretenir ; ce n’est qu’un siècle plus tard qu’il a reçu son nom.
- Le conflit le plus grave et qui couvait avec le plus d’intensité opposait la religion catholique aux religions réformées, ou protestantes ; la religion catholique était la religion du roi : cette position assurait àsa haute hiérarchie un pouvoir politique et une richesse qui la gonflaient d’orgueil ; quant aux religions réformées, ou protestantes, elles étaient nées de la protestation des femmes et des hommes de ce pays, au cours du Moyen Age, contre cette richesse et contre ce pouvoir politique qu’ils jugeaient déjàillégitime.
- Mais un autre conflit interreligieux beaucoup plus ancien couvait aussi, quoique moins intense, dans le royaume de France : c’est celui qui opposait la religion catholique àla religion juive ; le dimanche àla messe en effet, la haute hiérarchie des prêtres et dignitaires catholiques ne cessaient jamais de rappeler la vieille accusation de déïcide lancée contre les juifs par les fondateurs de cette hiérarchie pour établir leur autorité.
- Le principe de laïcité a aussi assuré la paix interreligieuse entre religion catholique et religion juive, et son efficacité dans cette solution a été démontrée un peu plus d’un siècle plus tard en France par le fait qu’Emile Zola et les « Dreyfusards » l’ont bien mis en œuvre pour résoudre l’« affaire Dreyfus » en démontant le complot antisémite dont il avait été victime, et en obtenant sa libération.
- Tout ce qui précède montre que la laïcité n’est pas seulement un mot historique qu’il suffirait de rappeler : c’est d’abord une approche des conflits qui permet de les analyser et de les résoudre réellement : il est important de ne pas oublier que c’est au moyen de la laïcité que notre nation a résolu durablement des problèmes qui pouvaient causer notre perte.

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