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Militaires, magistrats et policiers, quel ordre défendez-vous ?

l’ordre capitaliste, ou l’ordre constitutionnel ?

mardi 19 juillet 2016, par Jean-Pierre Combe

L’expression du rejet populaire de la loi El Khomri n’a fait que prendre de la vigueur et se généraliser depuis que ce texte a été annoncé. Ce printemps, elle a conduit plusieurs confédérations àprendre ensemble la tête de manifestations.

Le gouvernement Hollande-Valls-Cazeneuve a prétendu interdire ces manifestations.

Malgré l’interdiction, les travailleurs sont allés manifester, forts de leur légitimité, de leur détermination, de leur unité et de la capacité de durer que tout cela confère àleur mouvement.

Dans l’ensemble, les premières manifestations étaient calmes : lorsqu’elles ont été troublées, ce ne fut pas du fait des manifestants ; nous avons observé deux types de causes àces troubles :

Le premier type est la présence et l’action de groupes extrêmements violents organisés et agissant en tous points comme des commandos qui auraient reçu la mission de provoquer des déferlements de violence ; il faut souligner que ces commandos agissaient au vu et au su des forces de l’ordre.

Le deuxième type de causes est la réaction excessive de certains manifestants ou de membres du service d’ordre intersyndical àdes attitudes douteuses, cyniquement fanfaronnes ou àdes propos menaçants dont les membres de certains groupes de policiers ne se privaient pas, quand il n’y a pas eu plus grave.

Chacun a constaté que les organes officiels de notre information, ainsi que les ministres eux-mêmes, ont largement utilisé les vues prises lors des violences pour dramatiser et noircir la représentation de la situation qu’ils donnaient au public : clairement, le gouvernement utilisait les violences, quelles qu’en soient les causes, pour provoquer un refus populaire massif de manifester.

Mais cette manœuvre a échoué. Pourquoi ?

Une première raison est la légitimité de la revendication du retrait de la loi « El Khomri » et la profondeur qu’elle a atteint dans notre peuple : cette profondeur est telle que les acteurs de la revendication se sont lancés dans le mouvement avec pour seules armes leur légitimité, leur détermination, leur unité, et la capacité de durer qui en résulte.

Une deuxième raison est une conséquence de la première : les stratèges de la provocation ont obtenu quelques échauffourées, mais ni les commandos àleurs ordres, ni les complices qui les servent dans la police n’ont pu entraîner avec eux dans la fureur destructive un nombre suffisant de manifestants de bonne foi.

Devant cet échec, et constatant ces raisons, Messieurs Hollande, Valls et Cazeneuve ont changé leur fusil d’épaule, et autorisé les manifestations sous condition d’être super-encadrées et super-contrôlées par la police, comme nous venons d’en être témoins et victimes.

Mais la signification de ce retournement gouvernemental est grave : les ordres reçus par les forces de l’ordre pour l’exécuter sont contraires àla mission que la constitution leur assigne ; ces ordres sont notamment, mais pas seulement, contraires àla Déclaration des Droits de l’Homme inscrite dans notre Constitution.

Conformément àcette Déclaration, la mission de police consiste àassurer l’ordre public, qui comporte le droit de manifester librement les légitimes revendications (telles celle de retirer la loi El Khomri).

Pour assurer le droit de manifester librement, la police ne doit pas diriger son action contre les manifestations, mais vers l’extérieur des manifestations de manière àles protéger.

Il faut être clairs : la mission constitutionnelle de la police et des autres forces de l’ordre est de poursuivre, d’arrêter et de présenter aux tribunaux les membres, les chefs et les commanditaires des organisations criminelles, afin que les criminels soient condamnés, même s’il faut chercher les chefs et les commanditaires dans la haute administration ou dans la grande bourgeoisie.

Le scandale est qu’au lieu de cela, le déroulement des manifestations policièrement encadrées et contrôlées montre que le gouvernement Hollande-Valls-Cazeneuve prétend assurer le droit de manifester en tournant les forces de l’ordre contre les manifestations et contre les manifestants : ce gouvernement semble protéger les commandos de la provocation violente ; comme s’il pensait que ces commandos contribuent au maintien de l’ordre !!!

Deux problèmes en résultent :

Le premier est une question posée àtous les membres de notre peuple : qui commande et qui commandite les commandos de casseurs ?

Le deuxième problème se pose àl’administration judiciaire, qui est en principe indépendante du pouvoir exécutif, àla police dont elle est responsable, et àtout ce qui est forces de l’ordre en France : vous êtes pris entre d’une part votre mission constitutionnelle de dénoncer, d’identifier, de poursuivre, d’arrêter les membres des organisations criminelles, leurs chefs et leurs commanditaires, de les traduire en justice afin que les criminels et leurs complices soient condamnés pour les crimes qu’ils ont commis, et d’autre part les ordres contraires àvotre mission constitutionnelle que vous recevez des gouvernements, notamment de charger, de couper les manifestations, de bousculer et insulter les manifestants pacifiques, de fouiller les camionnettes syndicales, de confisquer les mégaphones.

Vous avez le devoir de choisir entre ces deux orientations qui s’imposent àvous : pour obtenir, le respect de notre peuple, le choix est simple : vous devez faire passer en toutes circonstances votre mission constitutionnelle avant les ordres contraires àcette mission que vous pouvez recevoir ; pour votre honneur, vous n’avez pas d’autre choix !

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