Que veut dire "critiquer" ?

 Or, depuis de nombreuses décennies, nous n’entendons plus que rarement, nous ne lisons plus que rarement ce mot employé dans son sens propre, mais seulement dans un sens emprunté, celui qui est le sens propre du mot dénigrer : les bourgeois, dont l’écriture domine toute écriture, dont la parole domine toute parole en France, substituent ainsi le dénigrement au sens véritable du mot critiquer... Faut-il les laisser faire ?
 S’ils y parviennent, alors ce sera comme si le mot critiquer avait disparu de notre langue. Que nous restera-t-il pour désigner l’effort sans lequel la compréhension n’aboutit pas, l’effort sans lequel on ne comprend pas ?
 Et si nous ne pouvons pas désigner cet effort,

• comment pourrons-nous aider nos enfants àcomprendre ce qu’ils ne comprennent pas encore ? Comment pourrons-nous leur enseigner àconduire leur compréhension lorsqu’il est bon, ou nécessaire, de comprendre des choses nouvelles, des choses que l’on n’a pas apprises ? Comment pourrons-nous les rendre capables d’être des acteurs du progrès de l’humanité ?
• et avec nos camarades, comment pourrons-nous nous entr’aider àcomprendre le monde, l’exploitation que nous subissons, la malfaisance essentielle du prélèvement de profit par les capitalistes ?

 Mais justement, pense le bourgeois, le peuple n’a pas besoin de comprendre, il n’a qu’àobéïr, et pour cela, il vaut mieux qu’il ne pense pas !
 La mission des idéologues bourgeois en résulte : faire en sorte que nul mot ne désigne l’effort de penser, et surtout pas celui que l’on fait pour comprendre !