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Intervention destinée àl’assemblée générale de l’ANACR et des Amis de la Résistance (ANACR) de la Corrèze (Allassac, 23 septembre 2006)

Le danger fasciste en Europe

dimanche 25 mars 2007, par Jean-Pierre Combe

- Le temps, lors de notre assemblée générale, manquant pour cette intervention demandée lors d’un bureau de notre association, je n’ai pu qu’en lire le plan. Voici son développement :

  1. Les forces fascistes aujourd’hui sont présentes dans tous les pays d’Europe
    - En France, ce ne sont ni seulement, ni même principalement les amis de Le Pen et de Mégret. Nous avons entendu en effet tout récemment des ministres ou anciens ministres, vraisemblables candidats aux prochaines élections présidentielles, proclamer des thèses fascistes en matière de sécurité, promettant de nettoyer les cités au karcher, ou d’éducation, projetant de soumettre les jeunes àla discipline militaire pour les briser, les adjudants appellent ça comme ça, afin qu’ils respectent l’ordre.
    - A l’étranger, de très bons représentants du danger fasciste sont les néofascistes en Italie, qui sont de très proches amis de certains ministres, les franquistes en Espagne, un petit parti anglais dirigé par des aristobourgeois fort riches, un parti autrichien toujours assez influent pour briguer une place au gouvernement quand il n’y siège pas au premier rang, un parti suédois représenté auprès du Conseil de l’Europe, etc...
    - Dans tous les pays de l’est européen autrefois membres du camp socialiste, des partis fascistes sont présents ; leur propagande est richement dotée en finances, et leur membres pratiquent un lobbying actif, et sont parfois membres des administrations gouvernementales ou même ministres.
    - Le pire de ces cas sans doute, ce sont les pays baltes : des partis nazis siègent dans leurs gouvernements, et ceux-ci érigent des monuments pour célébrer les SS, et emprisonnent les anciens résistants antifascistes. Il faut compléter ce tableau en notant que des forces antifascistes existent aussi dans les pays baltes, mais qu’elles sont en butte àla répression au point qu’il est difficile et qu’il peut être dangereux d’entrer en contact avec elles.
  2. L’offensive nazi-fasciste de l’hiver 2004 : le rapport Lindblad
    - Monsieur Göran Lindblad est un Suédois, membre d’un parti ouvertement nazi ; il est député au parlement suédois qu’il représente àl’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Au début de 2004, il a remis au bureau de cette Assemblée un rapport intitulé : « Nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires  ».
    - Ce rapport, je l’ai lu attentivement : c’est véritablement un tissu fait des mensonges de toutes sortes inventés et colportés par les propagandes de tous les fascismes ; il est rédigé comme si l’URSS n’avait pas engagé l’Armée rouge contre les armées du Mikado qui tentaient de conquérir la Mongolie, comme si l’invasion de l’URSS par les armées fascistes d’Europe n’avaient fait aucune victime soviétique... Il fait la part belle àune statistique truquée et menteuse, parce qu’elle dénombre des catégories confuses et se recouvrant largement l’une l’autre, celle qu’a signée Stéphane Courtois dans sa préface àson « Livre noir du Communisme » ; il rapporte un bobard inventé par la Propagandastaffel du parti nazi, puis relayé par les diplomaties de Hitler et de Mussolini, ainsi que par celle du Vatican, et qui fut repris dans l’après guerre par des officines de propagande financées par les services discrets des USA, comme si ce bobard était la vérité : selon ce bobard, une gigantesque famine aurait tué un habitant de l’Ukraine soviétique sur trois en deux années, 1932 et 1933 !
    - Il faut savoir que les représentants de tous les partis, droite comprise, du parlement grec àl’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ont tous, sans qu’il en manque un seul, voté contre ce rapport, parce qu’ils y avaient reconnu le discours de la dernière dictature imposée au peuple grec, celle dite « des colonels ».
    - Et bien, nous fà»mes trop peu nombreux en France, mais aussi en Europe, pour dénoncer ce mensonge et l’escroquerie qu’il sert : par son vote, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe n’a certes pas imposé ses conclusions au Conseil de l’Europe, mais l’a laissé libre de les appliquer si bon lui semble !
    - On le voit, le danger fasciste qui nous menace est inscrit dans les institutions qui gouvernent l’Europe et menace aussi toutes les nations d’Europe.
  3. D’où vient ce danger ?
    - Aussi bien en Allemagne qu’en Italie, nazisme et fascisme furent créés pendant une période où les travailleurs revendiquaient de plus en plus fort la vie digne àlaquelle ils savaient avoir droit depuis la Révolution française, tout en se sentant encouragés par la victoire de la Révolution russe, proclamée le 7 novembre 1917.
    - Parti fasciste et parti nazi furent créés pour mettre fin àla Révolution en tuant les communistes jusqu’au dernier. Hitler et Mussolini, et après eux Franco, ne sont que des chefs qui se sont engagés dans l’exécution de cette mission, et eux-mêmes comme les membres de leurs partis et de leurs milices ont toujours tenu cette mission pour leur mission prioritaire, même pendant qu’était appliqué le génocide aux populations juives et tziganes de certains des territoires qu’ils occupaient encore.
    - Les nazis survivants sauvés de leur défaite de 1945 et soustraits àla justice par les réseaux organisés dans l’ombre protectrice du Vatican ont trouvé refuge aux Amériques : ils ont été réorganisés par les services secrets des USA, CIA et autres, puis mis au service de toutes les dictatures les plus violentes de ce continent : les escadrons de la mort sont leur Å“uvre.
    - Le nazi-fascisme, qui s’appelait lui-même le racisme, agit toujours dans la droite ligne de la mission reçue lors de sa création : monsieur Lindblad n’a rien fait d’autre que de tenter de remettre cette mission en activité en utilisant les institutions du gouvernement européen, qui ne s’y sont pas refusées.
  4. En France entre les deux guerres, il en fut autrement
    - Un grand mouvement revendicatif populaire avait dressé un obstacle que le fascisme n’avait pas surmonté. Ce mouvement obtenant ensuite la formation du gouvernement de front populaire, les industriels capitalistes regroupés en trusts s’assurèrent pour le combattre de l’appui que leur apportaient des gouvernements étrangers : italien, allemand et états-unien. C’est alors que fut refusé àl’Espagne le secours grâce auquel elle se serait sauvée du franquisme, puis signé le honteux traité de Munich ; ce traité conduisit àla guerre que certains dirent drôle parce que les armées françaises ne faisaient rien contre l’ennemi nazi-fasciste, alors qu’au sein des armées, la prévôté faisait la chasse aux communistes, ce que la police faisait aussi dans tout le pays. La débâcle devenait ainsi fatale : elle eut lieu en juin 1940.
    - La défaite consommée, ses conséquences immédiates (armistice, remplacement de la République par l’Etat) instituées et proclamées par Philippe Pétain qui avait pris le pouvoir le 11 juillet 1940, le peuple français dans sa masse fit d’abord le gros dos pour survivre, tandis qu’en son sein, des individus dispersés et isolés entreprenaient de résister.
  5. Les premiers résistants
    - Les premiers résistants avaient en commun leur dispersion et leur isolement, leur volonté de combattre les armées d’occupation et leurs mains nues : l’essence anticommuniste du nazi-fascisme a donné àdeux particularités des communistes une importance certaine :
    — d’abord, ils étaient clandestins depuis un an déjà. Ce sont en effet le gouvernement français, en dissolvant le parti communiste, et les polices françaises, en appliquant cette décision, combinées avec la mobilisation générale, qui avaient dispersé et isolé les communistes avec un an d’avance sur les autres résistants ;
    — ensuite, leur action militante leur avait appris deux choses :
    1. nazisme et fascisme sont leurs ennemis mortels, avec lesquels aucun arrangement n’est possible, et nul salut ne peut leur venir d’un gouvernement ni des grands messieurs du capitalisme, parce que la logique des coffre-forts les place dans l’alliance fasciste ;
    2. plus la bourgeoisie resserre les boulons de sa dictature, plus les directives du parti viennent mal, obligeant les communistes àagir par eux-mêmes et àpenser eux-mêmes leur action.
      - Les grandes conséquences qu’ont eues ces particularités, on peut les lire aujourd’hui dans les archives de la police, notamment dans les rapports des fonctionnaires et dans les tracts annexés àces rapports :
  6. Préhistoire et commencement de l’histoire de la Résistance :
    - Le gouvernement français ayant désarticulé en novembre 1939 la structure de direction du parti communiste, les communistes se sont mis àla tâche de la reconstituer en commençant par où ils pouvaient, c’est-à-dire àpartir de la base, en même temps qu’ils agissaient en tant que parti communiste malgré la désorganisation de leur direction et la perte de leurs effectifs que leur faisait subir la répression policière et la mobilisation générale.
  7. Aux débuts de la Résistance en France
    - Pendant l’été 1940, la reconstitution des liaisons de la direction du parti communiste français n’était pas achevée, mais les communistes s’étaient rendus capables de créer des comités populaires contre la misère, ainsi qu’une Organisation spéciale (OS) armée, dont la mission était de protéger ces comités et leurs manifestations contre la répression des polices pétainiste et allemande.
    - Ces succès de son organisation ont rendu le parti communiste français capable d’élargir ses contacts dans la population et de créer, avec des non-communistes, le Front national de lutte pour l’indépendance de la France (ce front lancera le 15 mai 1941, un appel àtous les Français, sauf les capitulards et les traîtres), de le doter d’une force armée, les Francs-Tireurs et Partisans, formée au moyen des cadres de l’OS dissoute àcette fin, et de l’engager dans la guerre contre l’occupant nazi-fasciste, ce qui était pratiquement fait lorsque vint l’été.
  8. Vers l’union de la Résistance
    - Tous les résistants, communistes compris, ont toujours eu conscience de n’être pas seuls àcombattre l’ennemi, et tous avaient la volonté de coopérer au combat ; mais ce ne fut jamais facile : se comprendre mutuellement dans la clandestinité n’est pas simple ; de plus, l’ennemi combattait en intoxiquant les mouvements résistants, en y infiltrant ses agents, en provoquant entre eux des dissentions, en créant de faux groupes de résistants, etc... La dramatique affaire Grandclément n’en est qu’un exemple.
    - Tout cela fait que la formation, le 27 mai 1943, du Conseil national de la Résistance fut une très réelle et très grande victoire de la Résistance populaire sur l’ennemi, par tout ce qu’elle a comporté de mise en action des valeurs essentielles de la République, au premier rang desquelles s’est trouvée la laïcité.
    - La laïcité est bien plus profonde en effet, et civiquement bien plus sà»re, que le pluralisme ; lorsque le pluralisme n’est pas fondé sur la laïcité, le communautarisme le récupère et le dévoie facilement jusqu’àle transformer en un apartheid : seule la laïcité pouvait garantir la coopération au combat de citoyens aux religions, aux philosophies, aux civilisations, aux langues même aussi différentes que celles que l’on pouvait observer chez les résistants.

- Seule la laïcité peut garantir une véritable démocratie fondant toute politique sur la libre activité et sur la responsabilité de chaque citoyenne et de chaque citoyen libre de sa conscience, de sa confession, de sa philosophie, libre de croire au ciel ou de n’y pas croire.
- Allassac, le premier primidi de vendémiaire an 215 de la République (23 septembre 2006).

P.-S.

- Les Amis de la Résistance (ANACR) de la Corrèze ont publié cet article dans le numéro 14-2006 de leur bulletin départemental Résistance Corrèze en le faisant suivre de ce commentaire :
- Article publié àla demande de Jean-Pierre Combe et qui n’engage que son auteur.
- Sur le point n° 8, la Direction départementale ANACR et Amis s’en tient aux résolutions des Congrès de l’ANACR, dont celui de Limoges, réaffirmant l’attachement de notre association au pluralisme de ses adhérents, àl’image du CNR.

- Toute la question est de savoir si l’image est l’apparence dont on accepte de se contenter, ou si nous pouvons prendre l’image comme jalon afin de maintenir la réalité d’un mouvement essentiel de la République, d’un mouvement sans lequel la République meurt, car la République meurt lorsqu’elle est privée de la laïcité !

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