Ami de l’égalité
Accueil > Problèmes de la révolution > Problèmes du communisme > Le PCF change de nom, le parti communiste vivra

Le PCF change de nom, le parti communiste vivra

vendredi 14 septembre 2007, par Jean-Pierre Combe

- Sous prétexte de « l’échec (ou de la faillite) du communisme », le PCF va changer de nom. Mais que vaut ce prétexte ? A-t-il un sens ?
- En premier lieu, l’effondrement de l’URSS aurait prouvé l’échec du communisme si, depuis la révolution d’octobre 1917, les communistes avaient toujours été libres de gouverner le pays soviétique àleur guise. Mais les communistes n’ont jamais été seuls au gouvernement de la Russie soviétique.

- Le conseil des commissaires du peuple nommé par le congrès des conseils (soviets) d’ouvriers et de soldats au matin du 8 novembre 1917 ne comprenait pas seulement des bolchéviks. Peu de temps après que la défection des autres partis politiques eut laissé les membres du parti communiste seuls au conseil des commissaires du peuple (au gouvernement soviétique), Lénine écrivait au Comité central pour attirer son attention sur le fait que les communistes, décimés par la guerre civile, puis par l’intervention étrangère, n’étaient plus qu’une infime minorité et que déjà, des non-communistes, et parmi eux des gens peu recommandables (Lénine met dans sa lettre des mots beaucoup plus sévères que ceux-là), avaient pris pied dans le parti et dans les administrations.
- Nous avons plusieurs témoignages de l’intervention des anciens officiers du tsar : elle fut réelle en 1936 pour écarter les propositions de refonder l’Armée rouge en une armée de milice proche de ce que Jean Jaurès avait proposé pour la France dans l’Armée nouvelle ; elle fut réelle aussi pour maintenir, sous l’uniforme de l’Armée rouge, le système militaire professionnel hérité de l’empire tsariste [1]. Remarquons en outre que l’isolement et la structure verticale des polices du pays soviétique sont un héritage de l’empire tsariste : cela nous conduit àl’hypothèse que les anciens fonctionnaires tsaristes ont participé àleur formation.
- Or tous les fonctionnaires, civils et militaires, de l’empire tsariste cultivaient les hiérarchies parallèles doublant, triplant ou plus la hiérarchie officielle : c’était véritablement leur seconde nature : le pouvoir soviétique pouvait-il éviter que ces anciens fonctionnaires amènent avec eux leurs mauvaises habitudes, dans lesquelles saboteurs et espions nagent comme des poissons dans l’eau ?...
- De toute évidence, ces circonstances interdisaient aux communistes de gouverner àleur guise. En vérité, si les communistes ont orienté les institutions soviétiques, c’est l’affrontement qui les opposait aux nostalgiques du tsarisme et aux bourgeois avides de s’approprier les moyens de produire et d’échanger qui a déterminé l’édification concrète de ces institutions : l’URSS n’a jamais été la réalisation d’un modèle.
- En second lieu, « l’échec (ou la faillite) du communisme » aurait un sens si le communisme était un modèle théorique des processus économiques, sociaux et politiques. Mais pour les auteurs communistes, de Gracchus Babeuf àWaldeck Rochet en passant par Karl Marx, Friederich Engels, et Vladimir Lénine, le communisme est un mouvement actuel d’organisation populaire en vue de la satisfaction durable des revendications économiques, politiques et culturelles légitimes des travailleurs, rendu nécessaire par l’incessante violation des droits des travailleurs que produit l’exploitation capitaliste : il n’y a pas de modèle communiste de société.
- L’action communiste conduit àla révolution, mais le communisme n’établit qu’un seul principe de la société postérieure àla révolution : toutes les entreprises capitalistes seront expropriées et soumises àune propriété nationale (sociale), àgestion laïque, collective et démocratique, de telle manière que la bourgeoisie n’aura plus le pouvoir de prélever le profit, et que par conséquent, la totalité du produit du travail appartiendra aux travailleurs. De nombreuses modalités d’organisation sociale répondent àce principe ; leur point commun est d’interdire la spéculation bourgeoise parce qu’elle est incompatible avec la satisfaction des droits des femmes et des hommes àvivre dignement : l’économie sera donc planifiée dans le but de satisfaire ces droits. Quant àla constitution des sociétés futures, c’est lorsque la bourgeoisie sera contrainte àse taire que les femmes et les hommes pourront la rédiger.
- Du point de vue historique, la thèse de l’échec (ou de la faillite) du communisme fait obstacle àce que les historiens étudient l’histoire du communisme : c’est, au sens littéral, une contre-vérité. Cédant une fois de plus àcette contre-vérité, le PCF va cesser de se dire un parti communiste ; il achèvera ainsi sa sortie du mouvement communiste ; mais des communistes ont entrepris de faire vivre le communisme hors de l’influence des dirigeants mutants ; par cela, nous sommes assurés que le parti communiste, fondé àTours en décembre 1920, vivra.

Notes

[1ce maintien aboutit en 1943 àtransformer l’Armée rouge des Ouvriers et des Paysans en l’Armée soviétique : pour cette transformation, les grades personnels furent rétablis (et les épaulettes réapparurent sur les uniformes des officiers), les instructeurs et commissaires politiques furent transformés en officiers de la politique, subordonnés au commandement de l’armée (les commissaires politiques régimentaires devenant adjoints politiques des colonels) et intégrés dans le corps des officiers

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0