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Connaissance et échanges naturels d’information

jeudi 20 septembre 2007, par Jean-Pierre Combe

- Une objection vient d’être faite àma question « comment l’être humain prend-il connaissance de l’esprit, de son existence, de sa consistance et de son essence ? » : mon contradicteur me dit qu’avant de répondre àcette question, « il faut avoir résolu la question de l’apparition de la vie, car c’est le propre d’un être vivant d’avoir connaissance de ce qui l’entoure et de lui-même ».
- Donc, l’être vivant a-t-il connaissance de ce qui l’entoure et de lui-même ?

-A mes yeux, cette question n’est pas pertinente : je considère en effet comme une erreur d’appliquer directement àl’étude de tous les êtres vivants un vocabulaire, des raisonnements, des concepts créés par l’être humain lorsqu’il s’ est mis àla tâche de s’étudier lui-même, et c’est le cas de celui de connaissance. Il y a de grandes différences matérielles, qui établissent une grande distance, entre l’humain d’une part et d’autre part l’animal ou le végétal ; appliquer sans précautions àl’étude du vivant une méthode dont certains concepts nient cette distance serait une erreur méthodique.
- La connaissance, c’est un processus d’acquisition et de traitement d’information qui élabore un comportement individuel ou collectif éventuellement nouveau, dont les effets devront durer : déterminer son comportement de telle manière que ses effets durent même s’il n’y a jamais eu précédemment d’autre occurrence du même comportement, c’est une caractéristique humaine.
- Les végétaux échangent de la matière avec ce qui les entoure, même si nous faisons avancer notre connaissance du règne végétal et des écosystèmes en interprétant les échanges des espèces végétales en termes d’information : en particulier, l’apport énergétique reçu du rayonnement solaire par les plantes est une donnée indispensable pour qui veut calculer l’équilibre thermique de notre biosphère : la déforestation de l’Amazonie contribue au réchauffement de l’atmosphère terrestre dans une mesure que l’on peut calculer, et qui n’est pas du tout négligeable.
- Les animaux acquièrent en outre des informations auditives, visuelles et olfactives portées par des quantités d’énergie, ou, pour l’information olfactive, de matière, tellement faibles que cette énergie ni cette matière n’interviennent de façon significative dans leur métabolisme : c’est donc bien réellement l’information que les oreilles, les yeux et le nez servent àrecueillir afin que le cerveau la traite.
- Mais parmi les animaux, l’être humain est seul àintégrer dans le traitement de l’information par son cerveau la dimension de la durée des effets du comportement qu’il élabore : la connaissance est un processus de l’être humain.
- C’est cette raison qui me conduit àéviter de désigner du mot de connaissance le traitement que font les végétaux et les animaux autres qu’humains de l’information qu’ils acquièrent.
- Je maintiens donc ma question :« comment l’être humain prend-il connaissance de l’esprit, de son existence, de sa consistance et de son essence ? », en précisant que les conditions matérielles dans lesquelles elle se pose ne sont pas celles apparues avec la vie, mais celles apparues avec l’humanité.
- Mais déjà, tout cela nous éclaire : la différence qui sépare les humains des autres animaux, c’est un mouvement que les humains ont créé et portent en eux, et que les autres êtres vivants n’ont pas créé ; c’est le contraire de la matière ; le contraire d’une chose est pris ici dans son sens dialectique, que la logique simple résume dans la formule : « tout ce qui n’est pas la chose ».
- En ce sens, le contraire de la matière est correctement désigné par le mot esprit, et je crois pouvoir dire que l’humanité ayant créé l’esprit dès les premiers moments de son histoire, nulle idée religieuse ne s’introduit ici : l’humanité et son écosystème sont faits de matière et par conséquent, c’est la matière qui crée l’esprit, et non l’inverse !

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