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Le présent d’une falsification

Note de lecture du livre de Patrice Cohen-Seat Communisme, l’avenir d’une espérance

mardi 27 novembre 2007, par Jean-Pierre Combe

- Dans les hors-d’Å“uvres qu’il nous sert, Patrice Cohen-Seat définit en deux pages de bonnes intentions ce qu’il entend par « Ãªtre communiste » ; le plus remarquable dans ces pages, c’est une absence : àses yeux, la remise en cause de l’état ne fait pas partie de l’être-communiste, et plus volontiers que de révolution, il parle de « transformation sociale ».


- Cela doit attirer notre attention, car déjà, Lénine avait noté que les opportunistes se distinguent des communistes précisément par le fait qu’ils refusent de prendre en considération le devenir de l’état dans la révolution, comme si les révolutions avaient lieu sans rien changer aux états qu’elles concernent !
- Si le PCF dont nous parle Patrice Cohen-Seat milite contre le libéralisme, il ne fait rien contre l’Etat bourgeois, ni contre le super-état européen qui est tout aussi bourgeois !
- Pourtant, l’auteur nous parle de l’état : d’abord dans une incidente, selon laquelle « l’Etat, la politique, le jeu démocratique ont de moins en moins de prise sur la réalité ».
- Puis il attribue au parti communiste une curieuse théorie : « La vulgate communiste supposait qu’une minorité, le parti d’avant-garde, devait prendre le pouvoir afin d’administrer la société et l’état pour le compte d’une classe ouvrière destinée àdevenir le mouvement de l’immense majorité. »
- La vulgate, d’où vient-elle ? Je suis communiste depuis 1956, et pendant les vingt années suivantes, mes camarades m’ont souvent amené àtravailler sur l’état, mais jamais d’une manière aussi caricaturalement simpliste, et jamais nous n’avons formulé de conclusions aussi creuses ! Pour moi, ces vulgates, ou plutôt ces schémas pseudo-marxistes ont été introduits dans les directions du PCF par l’invasion de gens qui négligeaient le soin de leur propre culture, un peu comme si leurs études secondaires ou un début d’études supérieures avaient définitivement étanché leur soif de culture. Donc, Patrice Cohen-Seat présente une image fausse du Parti communiste français.
- Liées àcette image fausse du communisme français, il donne nombre d’évaluations tout aussi fausses des forces et des caractéristiques politiques de notre pays. Il affirme avec un aplomb digne de meilleures causes : « Marché, Etat, dans ce couple d’opposés qui a structuré le clivage gauche / droite pendant cent cinquante ans, le capital a naturellement fait le choix du marché, et le mouvement ouvrier, celui de l’Etat. » (...) « Ainsi, dans les sociétés capitalistes, une part importante du pouvoir a été « extraite » de l’Etat et répartie dans la société. » (...) « Or l’Etat, et même l’Etat-nation, demeure le lieu principal de la démocratie. »
- Patrice Cohen-Seat fonde son argumentation sur ces trois affirmations fausses ; il aboutit àdéclarer sa foi en l’Europe supranationale de la grande bourgeoisie capitaliste : il proclame en effet que sortir de l’Europe n’est ni envisageable ni souhaitable. Cet empilement d’absurdités, est-ce l’effet sur lui de la « vulgate » ?
- Notre auteur ne définit pas l’état, ni ne dit àquoi il sert ; il propose seulement de « démocratiser l’Etat, de démocratiser en permanence l’exercice de tous les pouvoirs publics » en vue de « progresser vers l’association àégalité de tous les femmes et de tous les hommes àl’exercice de tous les pouvoirs ». En somme, il rêve que Madame de Bettancourt, PDG de l’Oréal, tout en restant PDG de l’Oréal, soit l’égale d’une ouvrière des chaînes d’emballage de ses parfums dans l’exercice du pouvoir de l’état. Mais sans doute, la progression dont rêve Patrice Cohen-Seat est-elle tendancielle...
- Et en effet, Il définit la Révolution comme « un changement profond du système institutionnel qui transforme l’organisation des pouvoirs dans la société. »
- Le tranfert de pouvoirs d’une classe àl’autre est présent dans sa définition, mais pas vraiment dans une position nécessaire.
- S’agit-il d’exproprier la bourgeoisie ? Non ! Il propose de « transformer le régime de propriété du capital financier » apparemment sans toucher aux autres composantes du grand capital !
- Il précise d’ailleurs qu’il ne s’agit pas d’abolir le pouvoir du capital, mais seulement d’enlever aux actionnaires le pouvoir absolu de faire ou de défaire l’entreprise au gré des objectifs du profit du moment. Faire reculer le capitalisme au lieu de l’abolir !
- A l’appui de sa thèse, il invoque le bon sens qui, selon lui, dirait que la gestion des (grandes) entreprises combine les intérêts particuliers, il nomme ceux du capital et ceux du travail, et l’intérêt général, celui de la collectivité... Prétendrait-il associer le capital et le travail ? Philippe Pétain l’avait prétendu avant lui !
- Approchant de sa conclusion, il nous livre la clé de sa réflexion : selon lui, « le communisme - ou l’émancipation humaine - ne constitue pas en soi un projet politique. C’est un horizon anthropologique. » Un horizon : chaque pas que l’on fait pour s’en approcher l’éloigne de nous d’un pas ! Donc en effet, plus question de révolution ! Les exploiteurs peuvent dormir tranquilles sur leurs monceaux d’or !
- Sur cet exemple, nous découvrons que la mutation du PCF, c’est l’ignorance promue àsa direction, et qui garantit l’impuissance !
- Qui en tirera le profit ?

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