Ami de l’égalité
Accueil > Problèmes de la révolution > Problèmes de la République > Problèmes de l’égalité > Liberté et égalité ne vont pas l’une sans l’autre (...)

Liberté et égalité ne vont pas l’une sans l’autre !

samedi 1er décembre 2007, par Jean-Pierre Combe

- Ce sont les Lumières philosophiques du 18è siècle qui l’ont montré en évaluant ce que les grands voyageurs de leur époque avaient découvert : humainement parlant, les membres des peuples que l’on disait alors « sauvages » valent bien ceux des peuples « civilisés » !

- C’est cette découverte qui a engendré la revendication simultanée de la liberté et de l’égalité, que la Révolution a complétée en proclamant la fraternité, créant ainsi la devise de la République.
- Mais voilà: des « philosophes » liés àla grande bourgeoisie capitaliste font une campagne incessante dans tous les milieux qui leur sont ouverts, et notamment dans l’école et dans les universités, pour inculquer durablement àl’opinion publique l’idée que liberté et égalité seraient incompatibles. Ils sont constamment relayés dans la presse écrite et télévisée, et nombre de dirigeants mutants du PCF se sont ralliés àeux, véhiculant cette idée fausse que la classe ouvrière revendiquerait l’égalité contre la bourgeoisie capitaliste qui défendrait la liberté, ainsi que cette autre idée fausse que la classe ouvrière en appellerait àl’Etat contre la bourgeoisie capitaliste qui défendrait le marché.
- Voyons aujourd’hui ce qu’il en est de la liberté et de l’égalité.
- La grande bourgeoisie française n’a jamais admis l’égalité en droits de tous les êtres humains ; et lorsque la Révolution l’a forcée àrenoncer aux hiérarchies d’Ancien Régime, elle a immédiatement opposé sa liberté de propriétaire àla revendication populaire d’égalité en droits. C’est elle qui a fait inscrire dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 les adjectifs « inviolable » et « sacré » pour qualifier le droit de propriété. C’est aussi contre elle, et pour l’égalité, que la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793 précisait, dans son article 34 : « Il y a oppression contre le corps social lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé. »
- On le voit, la constitution de l’an 1 de la République (juin 1793) devait placer des limites telles que l’exercice du droit inviolable et sacré de propriété ne puisse conduire les propriétaires àopprimer ceux qui ne sont pas propriétaires. Mais la constitution de l’an 1 de la République n’a jamais été mise en vigueur, et la constitution thermidorienne promulguée en 1795 a effacé ces limites. Depuis lors, les propriétaires peuvent, àproportion de l’étendue de leurs propriétés, priver de liberté ceux qui n’ont pas de propriété. Napoléon était vraiment dans le droit fil de la politique bourgeoise lorsqu’en 1802, il a rétabli l’exclavage aux Antilles, et envoyé une armée soigneusement sélectionnée massacrer les membres du peuple de Haïti qui, au nom de la République, le refusaient.
- Il est donc très significatif que la revendication républicaine des membres de notre peuple n’ait jamais dissocié liberté et égalité, et qu’elle ne les ait jamais opposées l’une àl’autre, ni dans ses discours, ni dans son action pratique.
- C’est que réellement, l’exercice du pouvoir par la bourgeoisie consiste àprotéger la liberté du propriétaire de capitaux de priver les travailleurs de leur liberté : c’est l’exercice du pouvoir politique par la bourgeoisie capitaliste qui est incompatible avec l’égalité en droits de tous les êtres humains.
- Nous en avons actuellement une illustration a contrario, au Vénézuéla : les bourgeois de ce pays s’opposent àla constitution socialiste proposée au référendum par le président Chavez en accusant cette constitution de supprimer toute liberté. Mais il faut demander : où se trouve aujourd’hui la liberté des millions de membres du peuple sans terre et qui vivent au jour le jour, pour qui le droit de propriété est une pure utopie ? La vérité, c’est qu’en rapprochant les droits dont jouissent les membres du peuple du Vénézuela de ceux dont jouit la bourgeoisie de ce pays, et même si c’est au prix d’une diminution du droit d’opprimer les membres du peuple qu’exercent les capitalistes, la constitution socialiste apporte un progrès de la liberté pour toute la nation vénézuélienne.
- En vérité, les « philosophes », ou plutôt les idéologues, bourgeois qui déclarent liberté et égalité incompatibles ont seulement pour but d’éteindre les Lumières philosophiques afin de permettre aux propriétaires capitalistes cette injustice criminelle de priver de toute liberté les femmes et les hommes qui ne sont pas propriétaires, et nous constatons tous les jours que les non-propriétaires n’ont même pas la liberté de travailler : leur accès au travail dépend strictement du bon vouloir des propriétaires des plus gros capitaux, et l’Etat ne fait que monter la garde devant ce bon vouloir, s’opposant àla démocratie.
- Alors se pose une question : combien de temps encore certains communistes admettront-ils que des personnes qui portent effrontément l’idéologie bourgeoise se prétendent communistes, dirigent un parti qui porte le nom de parti communiste et lui imposent la mutation par laquelle ce parti met fin àses dernières traces de communisme ?

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0