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Lettre sur l’affaiblissement du communisme en France, et sur sa possible relance

àtous les travailleurs de France

dimanche 3 août 2008, par Jean-Pierre Combe

- Chers camarades,
- Chaque semaine apporte son lot d’évènements qui prouvent que votre volonté de défendre votre droit de vivre dignement du travail de vos mains et de l’application de votre intelligence n’est pas vaincue : àbien suivre ces évènements, je suis gagné par le sentiment que le syndicat des exploiteurs (le MEDEF) et le gouvernement àson service, dont le chef est aujourd’hui Nicolas Sarkozy, ont l’espoir d’abattre votre volonté, mais que leur espoir peut être déçu.

- Même si les grèves et les manifestations n’ont pas trouvé la perspective de leur convergence, elles n’ont pas cessé : c’est un indice de ce que la combativité des travailleurs de notre pays exprime un besoin profond.
- Ces conditions posent encore àtous les communistes la même question concrète : que devons-nous faire pour dégager la perspective dans laquelle convergent les luttes des travailleurs et pour la mettre en lumière, en évidence ?
- En effet, cette question se pose aux communistes depuis que la revendication communiste a émergé en France : ce fut après le 9 thermidor an deux de la République (27 juillet 1794), lorsque la bourgeoisie française eut pris en mains tous les leviers de l’Etat, l’exclusivité de la direction politique du pays, qu’elle eut mis fin àla Révolution, qu’elle eut fait de l’Etat l’assurance de sa liberté de prélever le profit sur toute l’économie nationale, la garantie de son confort égoïste et mesquin ; ce faisant, la bourgeoisie française a précipité les prolétaires des villes et des campagnes dans une misère quotidienne pire que celle qu’ils subissaient sous l’Ancien Régime ; en interdisant de promulguer la constitution de l’an un de la République alors même que la consultation populaire organisée pendant l’été de cette année-làconduisait àson adoption, la bourgeoisie avait montré qu’elle voulait l’Etat pour se protéger contre la République ; ce sont alors les Amis de l’Egalité qui ont revendiqué la promulgation de la constitution de l’an un, et sous leur impulsion, le peuple a fait de la République sa revendication politique contre la misère.
- C’est dans l’héritage révolutionnaire de Gracchus Babeuf que nous pouvons lire la formation du mouvement communiste : avec les Amis de l’Egalité, il fit face au coup d’état de thermidor et àses suites en organisant la revendication du peuple que soit promulguée la constitution de l’an un de la République, en même temps que celle des prolétaires d’accéder aux moyens de vivre dignement ; ce que Babeuf et les Amis de l’égalité organisaient ainsi, c’est la conjonction de la revendication politique du peuple contre la bourgeoisie et de la revendication économique des prolétaires contre la misère que leur assurait le gouvernement bourgeois du pays ; cette conjonction n’est rien d’autre que l’émergence du mouvement auquel Karl Marx et Friedrich Engels ont ensuite donné le nom de communisme ; la tâche que définit la conjonction de ces deux revendications est toujours, aujourd’hui, celle du communisme.
- Par la suite, le communisme a grandi au sein des populations travailleuses, puissament stimulé par l’activité internationaliste et par les élaborations théoriques de Marx et d’Engels ; àla fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècles, dans l’empire des tzars de Russie, les écrits de Lénine animèrent les communistes russes qui devinrent majoritaires au congrès du parti social-démocrate de Russie ; la force acquise par le communisme en Russie lui permit de jouer un rôle essentiel dans les évènements révolutionnaires de 1905 et grandit ensuite assez pour que la première guerre mondiale, en détruisant les quatre empires qui encadraient l’est et le centre de l’Europe, donne aux bolchéviques (ce mot russe signifie « majoritaire ») l’opportunité de prendre le pouvoir en octobre 1917, puis en février 1918, dans les deux capitales de cet empire, Pétrograd et Moscou. C’est àl’occasion de tous ces évènements que se formèrent les partis communistes et leur fédération mondiale, l’Internationale communiste.
- Soixante-dix ans plus tard, les réformistes incrustés dans les directions du PCF tiraient profit des incertitudes provoquées par l’ignorance persistante des causes de l’effondrement du camp socialiste, et engageaient le processus qui allait conduire le PCF àsa mutation social-démocrate : pour le peuple français, la conséquence principale de la mutation du PCF est aujourd’hui que la tâche du communisme est vacante, au grand préjudice des travailleurs de France, et au grand dam de tous les communistes.
- Mais le communisme est un mouvement laïc et dont les principes d’action et de réflexion sont posés et définis hors des dogmes religieux, hors des religions : lorsqu’ils respectent leurs principes, les communistes ne se laissent enfermer dans aucune damnation.
- Une seule question se pose àeux : comment sortir du bourbier dans lequel la tendance réformiste a enlisé le communisme ?
- Â« Les communistes sont enlisés dans un bourbier. » Cette phrase, bien évidemment, ne représente pas directement la réalité : elle ne fait qu’en énoncer une analogie ; c’est une métaphore.
- Rappelons-nous que le raisonnement communiste est matérialiste : le matérialisme est son mouvement de vérité ; or, les métaphores font obstacle au mouvement matérialiste de la vérité, justement parce que leur représentation de la réalité consiste en une ressemblance, une analogie, et ne contient pas de description directe.
- Les communistes ne rejettent pas, ne censurent pas les métaphores : au contraire, ils en reconnaissent la valeur créatrice, poétique ; ils recherchent bien souvent la stimulation que les métaphores apportent àl’imagination, qui est le moyen de faire évoluer les représentations du monde ; mais ils n’oublient jamais que toute idée produite par une métaphore est incertaine, justement parce que la métaphore qui l’a produite a fait obstacle au critère matérialiste de la vérité : or, seul le critère matérialiste, qui consiste àmettre l’idée en relation directe, même lointaine, avec le mouvement de la matière, peut montrer si l’idée est vraie ou fausse.
- Il est vrai que beaucoup de communistes ont le sentiment d’être immobilisés et rendus incapables de faire un geste, comme s’ils étaient enlisés. Mais qu’est-ce qui leur a donné ce sentiment ?
- Le « rapport secret » fait par Nikita Serguéiévitch Khrouchtchev au vingtième congrès du PCUS, puis celui qu’il fit au vingt-deuxième congrès de ce parti, soulevèrent de nombreuses et importantes questions historiques et politiques ; il s’en suivit une série d’importants évènements qui approfondirent et aggravèrent ces questions : ce furent le soulèvement contre-révolutionnaire de Hongrie, les ruptures avec l’Albanie, avec la Chine ; ce fut aussi le rabibochage avec la Yougoslavie et le président Tito, qui rappelait et renouvelait d’autres questions posées antérieurement.
- Avec le recul, et sous réserve de ce que nous apprendront les études véritablement historiques de ces évènements, qui sont encore àvenir, je dois formuler l’hypothèse que le « rapport secret » au vingtième congrès du PCUS fut avant tout le moyen par lequel Nikita Serguéiévitch Khrouchtchev rassembla dans ses mains tous les pouvoirs de diriger ce parti et l’Union Soviétique, et que le rapport qu’il a fait au vingt-deuxième congrès, dans lequel il « en rajoutait une couche », une couche épaisse, sur les crimes imputés àStaline, lui a servi surtout àstabiliser le pouvoir qu’il tenait entre ses mains. Je suis conduit àformuler cette hypothèse par les développements dénigrants, diffamants, qui circulent de plus en plus nombreux alors qu’ils n’ont toujours pas d’autre fondement que ces seuls rapports : je doute en effet que les rapports lus par Nikita Serguéiévitch Khrouchtchev devant les congrès du PCUS aient fait toute la clarté scientifiquement requise sur l’histoire des pays alors soviétiques ; devant ce doute, que valent ces dénigrements diffamants ?
- Quoi qu’il en soit, ces ruptures et ce rabibochage étaient des circonstances extérieures au parti communiste français, extérieures àson histoire. Mais les questions que posaient ces circonstances ne portaient pas seulement sur le destin de camarades lointains, leur portée s’étendait jusqu’àla théorie, et pour cette raison, elles interpelaient et dérangeaient nombre de communistes français.
- Il en résultait que les communistes français adressaient àla direction de leur parti une grande et pressante demande d’information ; conditionnée par les habitudes de discussion qui étaient alors celles des militants communistes, cette demande ne pouvait trouver satisfaction que dans une discussion attentive et suffisamment longue avec les dirigeants nationaux, au cours de laquelle les militants leur poseraient eux-mêmes, et directement, leurs questions.
- Mais il était difficile aux militants d’admettre ce qui leur apparut àl’évidence dès les premières discussions qui suivirent le vingtième congrès du PCUS : le champ de ces questions dépassait de loin l’information dont disposait la direction du parti communiste français. Sur ces entrefaites se produisirent les ruptures mentionnées ci-dessus dans les relations entre partis communistes et entre pays socialistes, et les partis communistes concernés par ces ruptures ne restèrent pas sans réagir ; tout cela obscurcit encore les problèmes posés au parti communiste français et aggrava le manque d’information de ses militants.
- En même temps, le parti capitaliste qui gouvernait, et qui gouverne toujours la France, portait àun très haut niveau sa propagande, utilisant pour cela ses organisations variées, syndicats patronaux, cercles, officines, clubs, utilisant aussi les entreprises de publicité et de communication, la presse écrite, radiodiffusée et télévisée qu’il contrôlait, et qu’il contrôle toujours, utilisant encore les administrations de l’Etat, qui était et est toujours son Etat ; le but de cette campagne était de tirer profit du véritable état de manque d’information dans lequel se trouvaient les communistes, en saturant l’opinion publique au moyen des thèses et représentations anticommunistes que la bourgeoisie maintenait depuis toujours, et qu’elle renouvelait et renforçait en toutes circonstances. La bourgeoisie avait bien vu que le vingtième congrès du PCUS lui ouvrait véritablement une belle occasion : elle a consacré àcette campagne de saturation beaucoup de moyens ; peu lui importait que nombre de ses thèses soient contradictoires au point de s’annuler lorsqu’on les met ensemble, ou carrément fausses : en idéologie, la vérité n’est pas le but de la bourgeoisie ; son but est de maintenir, de renforcer et d’étendre son pouvoir de prélever le profit ; le doute que les contradictions de ses thèses jettent sur ses campagnes n’est pas pour elle un obstacle ; la publicité est son moyen d’effacer ce doute.
- Ces évènements n’affaiblirent pas immédiatement le parti communiste français : sa capacité d’agir en politique française est restée au même niveau aussi longtemps qu’il a conservé son lien essentiel avec les travailleurs de notre pays. Ces évènements ont seulement affaibli sa capacité d’informer les travailleurs de notre pays sur l’évolution politique des pays socialistes : mais plusieurs années après les vingtième et vingt-deuxième congrès du PCUS, cet affaiblissement pouvait encore être compensé ou partiellement réparé, comme le montre l’activité par laquelle Waldeck Rochet, en 1967 et 1968, apportait la solidarité du parti communiste français aux travailleurs et aux communistes tchèques et slovaques engagés dans les évènements que nous appelons « le printemps de Prague », comme le montre aussi la position prise àla fin du mois d’aoà»t 1968 par le parti communiste français contre l’intervention des armées du pacte de Varsovie.
- Il y eut donc d’autres facteurs parmi les causes de l’« enlisement ».
- L’un, particulièrement important, est le processus suivant, que ma mémoire place après les évènements liés aux vingtième et vingt-deuxième congrès du PCUS : en grand nombre, des réunions de cellules du parti communiste français avaient lieu sans aboutir, sans servir àrien, parce que les directions de leurs fédérations ne tenaient aucun compte des débats qui s’y tenaient, ni des décisions politiques qui s’y prenaient, ou, pire, parce que les directions de leurs fédérations y déléguaient Untel ou Untel, qui s’efforçait de faire prendre aux cellules des décisions dont les militants ne voulaient pas.
- Le développement de ces pratiques de direction manifestait le développement de tendances dirigistes, autoritaires et formalistes dans les directions du parti communiste français ; mais ces pratiques sont beaucoup plus anciennes dans les autres institutions de notre pays et des pays voisins : ce sont celles des Jésuites et des monarchies de droit divin, que l’empire de Napoléon Bonaparte avait restaurées dans toute l’administration civile et militaire de notre pays ; un principe les résume : le chef dirige et commande, les autres lui sont subordonnés et exécutent les ordres qu’il donne. Jusqu’àce jour, ce principe régit le fonctionnement de toutes nos administrations ; et l’enseignement que dispensent nos collèges et nos lycées est structuré pour inculquer àleurs élèves une morale qu’il conditionne toute entière : quoi que puissent faire les enseignants progressistes, ce principe limite sévèrement l’esprit critique des bons élèves de notre système éducatif.
- La « Troisième République » n’a pas aboli ni même limité l’extension de la validité de ce principe administratif : elle en a seulement assoupli le fonctionnement au plus haut niveau des hiérarchies administratives, en semblant les diviser, et elle a permis la création de nouvelles institutions, les partis politiques, qui fonctionnent eux aussi selon ce même principe ; plus tard, la première guerre mondiale lui a conféré une force extrême, et après l’assassinat de Jaurès, la direction du parti socialiste SFIO s’y est entièrement soumise en se ralliant àl’Union sacrée : elle trahissait ainsi les revendications et les intérêts les plus profonds de la classe ouvrière et du peuple de notre pays.
- Il serait donc faux de croire que la direction dirigiste, autoritaire et formaliste serait une particularité du parti communiste. Au contraire, pour la majorité du congrès du Parti Socialiste SFIO réuni àTours en décembre 1920, la nécessité de mettre fin au mode administratif de direction du parti fut une raison importante de quitter l’Internationale ouvrière et d’adhérer àl’Internationale communiste. Après le congrès de Tours, il fallut réorganiser le parti afin de mettre fin aux handicaps que lui imposaient une grande part de ses traditions d’avant-guerre (le millerandisme en particulier), afin de mettre fin aux séquelles de sa trahison du temps de la guerre et en général, de mettre fin àtout ce qui, dans l’organisation du parti socialiste Section française de l’Internationale ouvrière, faisait obstacle àl’expression, àl’initiative et àl’activité des militants. Cette réorganisation communiste mit fin au mode administratif de la direction : c’est délibérément alors et dans ce but que les communistes adoptèrent le centralisme démocratique comme processus unique de préparation, d’élaboration, de prise de décision ainsi que d’action du parti.
- Mais cela n’élimina évidemment pas ces pratiques administratives de la vie sociale des Français : il en résulta que le PCF fut depuis lors l’objet d’une pression idéologique incessante, multiforme, en grande partie non-dite et implicite, exercée sur lui par la société dans son ensemble et qui tendait ày restaurer la division entre dirigeants et exécutants.
- La totale incompatibilité entre centralisme démocratique et mode administratif de direction consiste en ce que :

  • le mode administratif de direction distingue le chef et les subordonnés en réservant la décision au chef et en soumettant les subordonnés àl’obligation d’exécuter les ordres du chef ; au sein du mode administratif de direction, le chef exerce sur ses subordonnés un pouvoir qui dépasse ses compétences ; s’agissant d’un parti politique, le mode administratif de direction met les membres de ce parti hors de son processus de décision politique ;
  • au contraire de cela, le centralisme démocratique fait participer tous les communistes àtous les moments de la prise de décision, de telle manière que dans l’action, ce sont ses propres décisions que chacun exécute ; il interdit àtous les responsables de faire faire aux communistes autre chose que ce que chacun de ceux-ci estime juste et sait pouvoir faire ; le centralisme démocratique est le résultat de la participation consciente, active et responsable de chaque communiste égal en droits àtous les autres communistes àchaque moment des processus de l’étude, de la décision et de l’action de son parti.

- Pour ces raisons, dès les débuts du parti communiste français, le centralisme démocratique servait àdeux fins : d’abord àson objet de réaliser la conduite du parti par tous ses adhérents, ensuite au refoulement hors du parti des pratiques dirigistes, autoritaires et formalistes de direction.
- A l’automne de 1939, le gouvernement français avait interdit le Parti communiste français : c’est le centralisme démocratique qui lui a donné la force de résister àl’interdiction en se rendant clandestin, puis d’animer la Résistance au racisme (au nazi-fascisme) de 1939 à1945 ; le rayonnement politique que les citoyens français reconnaissaient au parti communiste français lors des élections qui ont suivi la Libération en accordant àses candidats presque un quart des suffrages, c’est bien le centralisme démocratique qui le lui assurait.
- C’est encore le centralisme démocratique qui donnait àWaldeck Rochet l’autorité de faire ce qu’il fit àPrague et àMoscou en 1967 et 1968 pour les progrès du socialisme et du communisme, et c’est lui qui permit au parti communiste français de manifester aux travailleurs, aux membres du peuple et aux communistes tchèques et slovaques la solidarité des communistes et des travailleurs de France en prenant position àla fin du mois d’aoà»t 1968 contre l’intervention en Tchécoslovaquie des armées du pacte de Varsovie.
- Et c’est toujours le centralisme démocratique qui, l’année suivante, assurait au PCF le rayonnement que lui reconnaissaient les citoyens français en attribuant àJacques Duclos, candidat communiste àla présidence de la République, un cinquième de leurs suffrages.
- Une voie importante par laquelle s’exerçait la pression du dirigisme, de l’autoritarisme et du formalisme sur le parti communiste français était l’imprégnation morale que les nouveaux membres du parti communiste gardaient de l’enseignement des collèges, lycées, universités et grandes écoles par lesquels ils avaient pu passer. Quoi que fassent les enseignants progressistes, tous ces établissements imprègnent leurs élèves et étudiants, àdes degrés divers, d’une morale essentielle au mode administratif de direction ; de ce fait, chaque nouvel adhérent apporte au parti communiste les comportements que cette morale détermine : il acquiert difficilement la pratique de discuter d’égal àégal avec les autres communistes lorsque ceux-ci n’ont pas fait les mêmes études que lui ; par contre, il lui est facile de mettre sa « supériorité culturelle » en évidence et de fonder sur cette différence une prétention àavoir raison lorsqu’il discute avec les autres militants ; il n’est pas porté àcritiquer le discours d’un militant qu’il croit « plus gradé » que lui ; il ressent comme une contrainte la nécessité de se plier àla discipline du centralisme démocratique ; le fait est que c’est une contrainte, et qu’elle dure jusqu’àce que la vie militante et l’expérience concrète de la lutte politique de classe aient apporté leur critique concrète àla morale administrative, et qu’elles aient montré le sens du centralisme démocratique.
- Devant le principe d’égalité des communistes en droits sur leur parti, il est juste que le parti communiste contraigne àla discipline du centralisme démocratique les « bons élèves » des lycées, des universités et des grandes écoles qui y adhèrent : cette discipline n’est en réalité que le respect de l’engagement collectif et réciproque que prennent ensemble les communistes pour organiser la revendication politique ouvrière de classe.
- Devant cette contrainte, contractuelle en réalité, les « bons élèves » se sont toujours divisés :

  • les uns l’acceptent : se pliant àla discipline du centralisme démocratique, ils militent d’abord dans leur milieu professionnel, làoù ils travaillent, pour mettre en évidence comment l’antagonisme de l’exploitation capitaliste et de la revendication ouvrière travaille cette profession et les personnes qui l’exercent, et pour développer le mouvement de ceux qui exercent cette profession en prenant le parti ouvrier ; ils mettent aussi leurs connaissances, ainsi critiquées par l’action militante, àla disposition des autres communistes afin que ceux-ci s’en rendent maîtres et les réinvestissent dans leur propre action militante ;
  • les autres la refusent : ils crient àl’injustice, renâclent devant la difficulté du travail politique dans leur propre profession, tentent de se faire désigner àdes fonctions internes au parti qui les dispensent de ce travail politique ; lorsqu’ils y sont parvenus, ils développent leurs pratiques de direction qui sont celles du mode administratif, ce qui les conduit àprendre le pouvoir sur les communistes : il leur est impossible de rester membres du parti communiste sans violer le centralisme démocratique.

- En fait, il se montre ici que le centralisme démocratique est le contrat d’organisation que passent entre eux les communistes lorsqu’ils constituent le parti communiste.
- Dans l’entre-deux guerres mondiales et encore quelques années après la seconde, ceux qui ne parvenaient pas àse plier au centralisme démocratique ne devenaient pas ou ne restaient pas membres du parti communiste : le plus souvent, ils le quittaient ou s’en éloignaient d’eux-mêmes ; certains étaient exclus, et parmi eux, quelques uns l’ont été avec quelque fracas.
- Mais plus tard, lorsque l’effort consacré par le parti àinstruire les nouveaux communistes eut faibli, ceux de ses membres qui avaient fait des études secondaires ou supérieures devinrent plus nombreux àressentir plus longtemps la discipline du centralisme démocratique comme une contrainte ; de ce fait, la proportion des membres du PCF qui ne comprenaient pas la nécessité ni le sens du centralisme démocratique s’accrut de beaucoup.
- Les conséquences furent une moins grande capacité du PCF de repousser et de combattre la propagande bourgeoise, ainsi que la formation au sein du PCF d’une opposition cohérente au centralisme démocratique, qui obtint finalement que ce parti renonce au centralisme démocratique.
- La conséquence directe et inévitable de ce renoncement fut la mutation, c’est-à-dire l’alignement du parti communiste sur le réformisme, opéré par sa direction. En vérité, le centralisme démocratique était la seule défense du PCF contre le dirigisme, l’autoritarisme et le formalisme, et plus généralement, contre les méthodes administratives de direction ; le renoncement au centralisme démocratique fut la cause et la source du processus inverse àcelui de la réorganisation communiste de l’ancien parti socialiste SFIO.
- Lorsqu’ensuite les directions du PCF acceptèrent de régler les alliances électorales au niveau des « Ã©tats-majors », les méthodes administratives de direction y étaient devenues dominantes ; les directions les ont mises en Å“uvre pour « faire passer » dans le parti communiste les accords que les « Ã©tats-majors » du PCF venaient de passer avec les états-majors du PS : c’est alors, et par ce processus, que les cellules furent dessaisies de la désignation des candidats communistes aux élections, qui était une de leurs prérogatives importantes ; ensuite, certains dirigeants du parti ont pris l’habitude de se servir des méthodes administratives de direction lorsqu’ils estimaient judicieux de maintenir les militants hors des discussions préparatoires àla prochaine décision àprendre, puis, lorsque la décision était prise, de les amener àl’appliquer sans la remettre en cause ; ces dirigeants ont développé un discours très adapté àcet usage, et c’est ensuite, àpartir d’eux, que ce discours est devenu majoritaire parmi les dirigeants des fédérations du PCF. La fin des cellules n’en fut que la conséquence inéluctable.
- Ce discours, comment fonctionnait-il ?
- Ceux qui l’ont mis en fonction étaient des dirigeants de sections, des dirigeants fédéraux et quelques dirigeants centraux appuyés par certains militants impliqués dans les « commissions de spécialistes » que réunissait le comité central.
- Ces dirigeants avaient interprété un accord électoral passé au niveau national entre le PS et le PCF, àl’occasion d’élections municipales, comme un mandat qu’ils auraient reçu de dresser avec leurs homologues du PS, au niveau des fédérations, des listes communes de candidats, et d’arrêter ces listes.
- Ils l’avaient fait le plus souvent sans tenir aucun compte de la particularité des communes les plus peuplées, dans lesquelles la règle électorale était le scrutin de liste avec répartition proportionnelle des sièges d’élus : or, cette règle rendait pertinente, du point de vue démocratique, la présentation de listes séparées ; mais de le reconnaître aurait réduit àpresque rien le pouvoir sur le PCF que ces dirigeants s’arrogeaient en négociant d’abord avec le PS ; je vois aujourd’hui que ce pouvoir était alors un besoin essentiel de leur entreprise de faire muter le parti communiste français : s’ils ne s’arrogeaient pas ce pouvoir, ils n’y parviendraient pas : c’est ma raison de les appeler ici « les dirigeants mutants » ou « les mutants ».
- Ayant signé leur accord national avec l’état-major du PS, ils agirent dans le parti communiste en deux phases successives, la première conduisant àarrêter avec leurs homologues départementaux du PS les listes communes des candidats aux élections prochaines, la seconde, àfaire passer ces listes dans le parti communiste pour qu’elles deviennent celles que présentait ce parti :

  • au cours de la première phase, ils conduisirent ces négociations sans réunir ni sections, ni cellules, et lorsque celles-ci se réunissaient, ils leur enjoignaient de parler d’autre chose en attendant le résultat des négociations ;
  • au cours de la seconde phase, il leur fallait obtenir l’aval des cellules ; il était encore nécessaire en effet que les cellules se déclarent en accord avec ces listes sans les modifier d’aucune manière ; mais en dehors de cet aval, les cellules n’avaient plus rien àdécider.

- Seulement, pour que les communistes s’abstiennent de délibérer sur les prochaines élections et d’évaluer l’intérêt qu’aurait le parti communiste àce que tel ou tel d’entre eux soit candidat, il fallait obtenir de chaque communiste qu’il renonce àsa propre opinion, qu’il reconnaisse les compétences rassemblées dans l’« Ã©tat-major » de la direction fédérale comme supérieures aux siennes, et qu’il accepte l’existence dans le parti communiste de catégories distinctes, dont celle des candidats possibles, dont les listes seront gérées par les directions.
- En somme, il fallait obtenir que les communistes acceptent que leurs droits sur le parti communiste deviennent inégaux, et que le fonctionnement du parti soit désormais réglé sur cette inégalité.
- Cela peut sembler évident tant il est vrai que les méthodes administratives de direction ont pour essence l’inégalité en droits des membres de la société. Mais le communiste que je suis voit un véritable scandale dans le fait que le PCF ait ainsi évolué, en cessant de reconnaître àchacun de ses membres des droits égaux àceux de chacun des autres. Cette évolution du PCF fut d’ailleurs pour un très grand nombre de communistes une très forte raison de penser que le PCF cessait d’être leur parti et, par conséquent, de s’en éloigner.
- Le fait est que les dirigeants mutants inscrivaient constamment dans leurs discours le rétablissement de l’inégalité en droits parmi les membres du PCF. Ils le faisaient de deux manières : d’une part ils donnaient une représentation obscure des problèmes de direction du parti, de préparation des décisions politiques, ainsi que des discussions qui se déroulent dans les organes réguliers de direction du parti : cette représentation était, et est toujours assez obscure pour être inaccessible aux militants communistes de base ; d’autre part, l’information sur la société qu’ils inscrivaient dans leurs discours et textes ne provenait nullement de l’activité des cellules du parti, mais uniquement des sondages réalisés et publiés par les institutions idéologiques propres àla bourgeoisie ; de cette manière, ils faisaient disparaître la classe ouvrière de leurs discours ; en outre, ils y inscrivaient un processus obscurantiste, c’est-à-dire un processus qui en obscurcit le sens et obscurcit en même temps tous les sujets dont il traite ; ce processus obscurantiste était transposé des discours bourgeois ; dès lors aussi, il était pensé pour inhiber la critique des communistes.
- Afin d’inhiber la critique des communistes, ce discours emploie en grand nombre des mots considérés en France (àtort ou àraison) comme appartenant au vocabulaire de Marx et de Lénine, ainsi que de courtes, très courtes, citations de ces deux auteurs ; mais ces citations comme ces mots sont toujours sortis de leur contexte et pour cette raison, ils donnent lieu aux interprétations les plus contradictoires : dans les discours des dirigeants mutants, ils n’ont plus rien du sens que Marx ou Lénine leur avaient donné : ils sont làseulement pour renvoyer les militants de base àleur ignorance, àleur attente et même, si possible, àleur impuissance.
- La tentative d’inhiber la critique communiste est encore inscrite dans ces discours d’une autre manière : ils enjoignent aux communistes de se taire et d’obéïr. Cette injonction est venue confirmer que les dirigeants mutants du PCF niaient l’égalité des communistes en droits sur leur parti : pour nombre de communistes, cette injonction fut certainement une raison très forte de s’éloigner du PCF : elle heurtait leur pratique de la discipline communiste, qui n’est pas fondée sur l’obéïssance et qui ne s’exprime pas par l’obéïssance ; l’obéïssance en est totalement absente.
- La discipline des communistes est fondée sur :

  • l’étude scientifique de la situation politique, économique et culturelle réelle des nations,
  • l’engagement de la responsabilité individuelle dans l’étude et dans l’action ainsi que dans les discussions grâce auxquelles l’étude et l’action deviennent collectives,
  • la prise de parti d’abolir réellement l’exploitation des travailleurs de toutes catégories par les capitalistes et par tous les autres exploiteurs,
  • la volonté incessante de chaque communiste, qu’il fonde dans sa propre prise de parti communiste, de faire la révolution.

- L’aboutissement du processus porté par le discours des dirigeants mutants est ce que nous observons aujourd’hui : ce que nous pouvons voir comme un enlisement du PCF est l’incapacité des communistes qui en sont membres de décider et d’agir en politique ; cette incapacité résulte du processus qui a, au passage, détruit les cellules : nous pouvons constater que la direction mutante du PCF n’a que faire de l’avis et de l’activité des communistes, et aussi que lorsque les dirigeants discutent politique avec les communistes, le sens de leur discours est tantôt obscur, tantôt inexistant.
- La métaphore qui me vient àl’esprit n’est pas celle de l’enlisement, mais celle de l’enchanteur Merlin enfermé par la fée Viviane dans une tour de vent. C’est bien l’impression que me fait la direction du PCF : elle est enfermée dans une tour faite du vent que brasse son propre discours : ce discours la rend sourde àce que disent ou peuvent dire les communistes et l’aveugle sur la réalité matérielle de la vie des femmes et des hommes qui n’aspirent qu’àvivre dignement en France du travail de leurs mains et de l’application de leur intelligence !
- Cette tour de vent n’est que le discours réformiste qui dépolitise la politique parce que ceux qui le tiennent ont abandonné le matérialisme dialectique et renoncé au centralisme démocratique.

Comment en sortir ?

- Les métaphores ne sont d’aucun secours : il s’agit de politique réelle, et les mots magiques dont les légendes illustrent les effets irrésistibles n’existent pas en politique réelle.
- C’est du communisme qu’il s’agit ici : il faut en effet restaurer les relations qu’entretenaient naguère les communistes entre eux et avec tous les autres travailleurs, et grâce auxquelles ils préparaient la révolution en assurant la pertinence, la légitimité et l’efficacité de leurs actions individuelles et de leur action collective. Ce qui compte ici, c’est la volonté de chaque communiste d’investir sa propre prise de parti politique dans son action réelle, et d’assurer la cohérence de son action individuelle avec l’action de chaque autre communiste.
- Faut-il croire que tout est joué, et que désormais nous serions gouvernés par la fatalité ?
- Chers camarades, je suis optimiste, et je pense qu’en France, les communistes peuvent décider de se remettre en un mouvement communiste cohérent : ils rendront ainsi ànotre peuple le véritable parti communiste qui manque aujourd’hui cruellement àceux qui ne peuvent vivre dignement que d’un travail digne de ce nom, et qui trop souvent ne trouvent pas ce travail.
- Deux questions se posent : pourquoi le faire, et comment le faire ?
- Pourquoi ? Les raisons de le faire ont été dites dans les développements qui précèdent ; mais il est bon de rappeler les plus importantes :
- La première de ces raisons est que l’exploitation capitaliste, tout comme les systèmes d’exploitation qui l’ont précédée mais àun niveau très supérieur, enrichit les exploiteurs en niant (ou en brisant, cela signifie la même chose concrètement) l’humanité des femmes et des hommes dont le travail est source de toute richesse.
- Un système économique fondé sur une telle inégalité que l’immense majorité de l’humanité est ravalée àune condition véritablement servile, et que la simple liberté humaine est le privilège de la minorité la plus riche, ce système peut-il être admis comme légitime et durable ?

  • Les privilégiés pensent qu’il doit en être ainsi et organisent toute la société, son économie, sa politique et sa culture pour que leurs privilèges soient reproduits de génération en génération.
  • Nous, communistes, nous le refusons : nous nous organisons et organisons les exploités pour renverser le pouvoir politique des privilégiés, abolir le système capitaliste d’exploitation, réorganiser toute la société, son économie, sa politique et par conséquent sa culture, pour établir, assurer durablement et reproduire de génération en génération l’égalité en droits de toutes les femmes et de tous les hommes.
    - C’est en cela que consiste la révolution.
    - Elle commence par l’expropriation des terres, des mines, des usines, des maisons de commerce, des banques et des assurances que les grands capitalistes ont placées sous leur propriété privée directe ou indirecte. S’il faut pour cela contraindre les plus jeunes de ces propriétaires àtravailler de leurs mains, nous les y contraindrons ; quant àceux qui ne sont plus en âge de participer au travail, ils devront se contenter d’une retraite.
    - L’appropriation par les travailleurs de tous ces biens devra suivre immédiatement l’expropriation des capitalistes : l’étude critique des nationalisations de la Libération de 1945 et de celles de 1982 nous fait comprendre que l’appropriation par les travailleurs consiste àmodifier ensemble les structures technique et comptable de chaque entreprise de manière àassurer aux travailleurs eux-mêmes la maîtrise durable de l’outil de travail, de son entretien, de son fonctionnement, de sa maintenance, de son perfectionnement, de ses reconversions, de ses développements, ainsi que la maîtrise durable de l’objet du travail.

- Depuis que la bourgeoisie a pris en mains tous les pouvoirs et établi sa dictature sur notre pays, elle divise le travail en séparant comptabilité et production et en séparant conduite et exécution, de manière àprotéger toujours davantage la direction, qu’elle se réserve exclusivement, de toute interférence avec l’activité des ouvriers : àcette fin, elle déqualifie toujours davantage les tâches ouvrières, et c’est aussi àcette fin qu’elle inspire aux gouvernements àson service les réformes réactionnaires de notre système scolaire, qui ont toutes, depuis l’été de 1947, eu pour but d’assurer au patronat capitaliste que ses futurs salariés seront àl’avenir encore plus soumis àl’exploitation capitaliste qu’ils ne l’ont jamais été jusqu’àprésent.
- Mais les travailleurs sont des femmes et des hommes : ils sont capables de réagir, de refuser de se soumettre ; ils sont capables de prendre en mains individuellement et collectivement les tâches de leur poste de travail, de leur chaîne, de leur atelier, de leur usine, de s’unir aux autres exploités, de prendre en mains la division du travail et d’aboutir àassumer entièrement la production elle-même au mieux du progrès de l’humanité : dans cette révolte, ils libèreront leur intelligence.
- Que les privilégiés poussent des cris d’écorchés vifs àl’approche de cette révolution, cela se conçoit : elle sanctionnera l’échec global de leur système, de leur domination, de leur représentation du monde, de leur être.
- Mais surtout : la nécessité de cette révolution fut le motif de l’adhésion du congrès socialiste de Tours, tenu en 1920, àl’Internationale communiste : aujourd’hui, en l’an 2008, cette révolution est toujours nécessaire, et rien de ce qui s’est passé entre temps n’apporte un argument réel de nature àmontrer que les classes ouvrières devraient y renoncer, au contraire !
- Il faut donc que les communistes se remettent en un mouvement communiste cohérent.
- Comment peuvent-ils le faire ?
- Si l’exploitation capitaliste des travailleurs n’a pas cessé, par contre, en France, la lutte des travailleurs contre l’exploitation qu’ils subissent a reflué du plan politique et du plan culturel ; en conséquence elle a perdu sa cohérence, la conscience collective de classe a beaucoup reculé, et les travailleurs se sont divisés : ces raisons ont considérablement affaibli la lutte contre l’exploitation.

- Deux processus concourent àcet affaiblissement depuis quatre décennies :

  • Le premier est l’action de la bourgeoisie qui domine la France et exploite ses travailleurs, et notamment les progrès de cette action et ses résultats ; au nombre de ces progrès et de ces résultats, il faut citer :
    • la destruction des institutions républicaines de la France, et notamment :
      - la mise àmal des communes,
      - la diminution du rôle et des prérogatives des élus du peuple dans toutes nos collectivités territoriales et nationales,
      - la dégradation de la laïcité des enseignements de nos écoles, collèges, lycées, universités, et notamment l’effacement de l’enseignement des connaissances pratiques et théoriques nécessaires àla démocratie,
      - la destruction des services publics,
      - la privatisation des entreprises nationalisées ;
    • le renforcement de l’Etat bourgeois en France :
      - accroissement du poids, du rôle et des prérogatives des administrations et des structures corporatives du capital (syndicats d’exploiteurs, chambres consulaires), au détriment des élus du peuple ;
      - création et développement d’administrations supranationales (européennes et mondiales), transfert vers elles de missions jusque làassumées par les administrations nationales et encadrement des administrations nationales par les administrations supranationales ;
      - transfert àl’étranger d’importantes productions industrielles et agricoles, accompagné de la destruction des entreprises qui les assumaient ;
      - destruction du salariat et réactivation des principes féodaux de l’assistance, de la précarité et de la corvée pour séparer le travail de sa rémunération.
  • Le deuxième processus s’est développé dans le PCF : c’est le réformisme lui-même, qui a mis fin àla revendication politique communiste, aux processus d’étude propres au parti communiste, que ce parti proposait àses membres, et au bout du compte, qui a détruit dans le PCF la conscience communiste collective de la lutte des classes.

- Depuis ses débuts, l’action du réformisme qui se développe dans le PCF converge avec celle des partis réformistes de la nébuleuse « socialiste » : leur convergence a notamment permis àla bourgeoisie de renforcer sa domination idéologique sur l’enseignement des écoles, des collèges, des lycées, des universités, ainsi que sur les éditions du livre et de la presse écrite, parlée et télévisée, jusqu’àrendre cette domination totalitaire.
- Telles sont les évolutions du rapport des forces de classe en France, et telle est la situation politique qu’elles ont produite dans notre pays : ces conditions sont celles dans lesquelles les communistes doivent aujourd’hui se déterminer.
- Mon avis est que pour nous remettre en un mouvement communiste cohérent capable de donner lieu àl’activité d’un véritable parti communiste, il nous faut d’abord reprendre collectivement conscience de la lutte des classes : cela consiste àrecommencer d’analyser les luttes de classes et de fonder nos prises de positions politiques, dans tous les pays dont le nôtre, sur les intérêts qu’ont les peuples travailleurs dans les luttes économiques et politiques qui les opposent àleurs exploiteurs, lesquels s’organisent désormais autour de la classe bourgeoise, qui est dominante partout où sévit l’exploitation des travailleurs par ceux qui ne travaillent pas eux-mêmes.
- juillet 2008

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