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L’état d’urgence, poison de l’unité nationale

article publié dans "l’Echo" du 23 juillet 2016

mercredi 20 juillet 2016, par Jean-Pierre Combe

L’état d’urgence est un véritable poison pour l’union de la nation ; quant àson efficacité contre le terrorisme, elle est nulle.

Si l’on veut lutter efficacement contre le terrorisme, il faut appliquer deux catégories de moyens, dont aucun ne relève de l’état de guerre :

les moyens de la première catégorie concernent la culture populaire, et donc, l’instruction de tous les enfants et la disponibilité de moyens d’expression culturelle, sociale et politique accessibles àtous les citoyens :

le contenu de l’enseignement doit être laïc, pensé et élaboré en laïcité, avec pour méthode quelques principes simples, efficaces et imagés tels que celui-ci, que Paul Langevin enseignait dans les réunions d’instituteurs auxquels il participait : « apprendre aux enfants àvoir le grain des choses sous la paille des mots » ;

quant aux moyens d’expression culturelle, sociale et politique, il s’agit de tous ce qui s’est développé de manière explosive lors des grèves de 1936, puis au moment de la Libération, et que les gouvernements réactionnaires répriment depuis l’été de 1947.

La mise en œuvre des moyens de cette catégorie est ce qui a rendu, dans le passé, je veux dire avant qu’ils soient sabotés comme ils le sont depuis le milieu du vingtième siècle, ce qui a rendu notre peuple plus résistant que les autres peuples d’Europe àl’influence et àla pénétration des sectes : or, les intégrismes de toutes les sortes se recrutent de la même manière, selon les mêmes processus que les sectes !

Les moyens de la deuxième catégorie sont ceux de la répression des crimes et des délits, lesquels, comme nous le savons tous, n’ont pas besoin du temps de guerre pour exister : en temps de paix, c’est la mission de la police de les poursuivre et d’arrêter délinquants et criminels, et celle de la justice de les juger : or dans notre pays, et déjàhors des périodes de crises qui se sont rapprochées et aggravées, les fonctionnaires de police et ceux de justice, les magistrats, sont en nombre très insuffisant, et bien souvent, notamment, pour la police, lors des mouvements sociaux, ils sont occupés àdes missions qui concernent bien davantage la défense de la propriété capitaliste que celle de l’intérêt général de notre société, et au cours des violences de ce printemps, nous avons pu voir comment certains fonctionnaires confondaient ces deux missions.

Tous les prétextes avancés pour obtenir de faire passer notre vie sociale et politique sous un régime d’exception, tel que celui de l’état d’urgence, sont donc faux.

On ne lutte pas contre le terrorisme en encadrant la République dans un corset policier, mais en la libérant, afin qu’elle use pleinement de la mise en œuvre de ses principes fondamentaux de laïcité, d’égalité en droits et de liberté de tous les habitants du pays !...

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