la politique salariale est répressive si elle vise à diminuer les salaires, elle est sociale ou revendicative si elle tend à satisfaire les droits des salariés à vivre et à faire vivre leur famille dans la dignité ; cette raison, que l’on observe partout où le travailleur vend sa force de travail contre un salaire, fait que la revendication salariale ne peut en aucun cas être considérée comme extérieure à la politique, comme apolitique.
De la part des salariés, au niveau individuel comme au niveau de leur collectif de travail, il n’y a de politique salariale que revendicative ; en outre, l’expérience immédiate de tous les ouvriers salariés leur montre sans délai, dès les premiers jours de leur embauche, qu’ils ne peuvent faire avancer leur politique salariale individuelle qu’en la mettant en cohérence mutuelle avec celle de tous leurs collègues : pour les salariés de l’entreprise, il s’agit d’organiser leurs rapports interindividuels en reliant entre elles leurs politiques salariales individuelles de manière à les rendre cohérentes, ce qui fera d’elles la politique collective du collectif travailleur ; c’est ainsi que naît le besoin ouvrier d’organisation.
Il en résulte que dans tous les pays, tous les mouvements d’organisation ouvrière ont pour objet principal et essentiel la revendication d’un salaire assurant au travailleur qu’il pourra vivre et faire vivre sa famille dans la dignité : la revendication du salaire est l’essence de toutes les évolutions politiques que détermine le mouvement ouvrier d’organisation.
De telles évolutions ont lieu dans tous les pays d’Europe et du monde, depuis des époques diverses, avec des rythmes divers ; elles conduisent à des résultats divers : nous devons constater aussi que le mode capitaliste de l’économie devient dominant en absorbant dans le marché tous les mouvements antérieurs de l’économie, ou en les lui subordonnant étroitement, de sorte que dans tous ces pays, la contradiction de la revendication salariale et du prélèvement capitaliste devient le déterminant de toute l’évolution économique, politique et culturelle de la société.
On voit bien en France que pendant le dix-neuvième siècle, le mouvement ouvrier organisait la revendication salariale sur tous les plans de la vie des citoyennes et des citoyens : la défense de la santé physique de l’ouvrier et de sa famille (les mutuelles ouvrières), les relations avec l’employeur (les syndicats ouvriers), l’action sur les marchés où les ouvriers achètent leur nourriture, leur habillement...(les coopératives ouvrières de consommation), sur ceux où se vendent les produits du travail (les coopératives ouvrières de production), l’exercice du droit de cultiver son esprit et son corps (les associations ouvrières de culture, de loisir et de sport)... : nous devons remarquer que le mouvement ouvrier français n’a entrepris l’élaboration du parti ouvrier qu’après avoir commencé d’organiser tous ces plans de la vie des citoyennes et des citoyens que sont les ouvrières et les ouvriers, faisant ainsi de l’organisation politique le nécessaire prolongement commun de tous les autres plans d’organisation de la revendication ouvrière.
Dans l’empire des Tsars russes, l’organisation revendicative du mouvement ouvrier a commencé beaucoup plus tard, mais ses progrès furent beaucoup plus rapides qu’en France, impliquant fortement les paysans pauvres et ceux sans terre : les Révolutions de 1905 et de 1917, avec toutes leurs caractéristiques, en furent le résultat.
En 1918, l’Etat tsariste broyé par la guerre impérialiste, et le mode capitaliste de la production de son empire renversé par la révolution, les propriétaires des plus gros capitaux du reste du monde se sentirent gravement menacés ; devant cette menace, ils entreprirent immédiatement d’unir leurs forces économiques et politiques pour combattre la Révolution et reconquérir le territoire de l’ancien empire des Tsars ; pour eux, il n’était pas question de se limiter aux frontières de leurs pays ; les plus radicaux firent alliance avec des comploteurs politiques européens et financèrent leurs entreprises : c’est ainsi que Henry Ford, des automobiles Ford, fut le premier à financer Hitler et son parti national-socialiste (NSDAP), et qu’il fut bientôt suivi par un groupe d’industriels allemands de la sidérurgie, de la mécanique et de la chimie ; depuis la guerre de 1914, Louis Renault liait ses affaires avec celles de Henry Ford : il suivit l’alliance contre-révolutionnaire de très près, la soutenant activement ; d’autres industriels français, parmi les plus riches, tel Louis Berliet, participaient à ce concert des exploiteurs qui supportaient et manipulaient les groupes de provocateurs racistes : notamment, mais pas seulement, les fascistes et les nazis.
Cette entente supranationale des plus riches a subverti les pays d’Europe méridionale et centrale, l’Italie, l’Allemagne ; en vue de cette subversion, son principal moyen d’action fut le terrorisme, pour lequel elle mit en fonction un dispositif privé militairement organisé, y intégrant les débris des armées blanches au fur et à mesure de ce qu’elles étaient chassées du territoire de l’ancien empire des tsars (c’est ainsi que les officiers et beaucoup de soldats de l’ancienne armée du général Wrangel chassée de Crimée furent réinstallés en Bulgarie et en Yougoslavie). Aussitôt que cela devenait possible, c’est-à -dire aussitôt que les partis racistes parvenaient au pouvoir, ce dispositif privé était légalisé et la police officielle y était intégrée, sans pour autant que l’effort terroriste soit diminué, au contraire ! Il s’agissait pour l’entente supranationale des plus riches d’assurer la maîtrise grand-bourgeoise sur tous les Etats que dominait la grande bourgeoisie, afin de briser la résistance des exploités, de renforcer administrativement, policièrement, toutes les inégalités sociales afin de mieux garantir et accroître les prélèvements capitalistes, en même temps que de préparer une force militaire suffisamment puissante pour reconquérir le pays des Soviets : on appelle cela « la montée des fascismes ».
En France et en Espagne, la tentative de subversion raciste a d’abord été mise en échec par la vigilance de la classe ouvrière, par la détermination des partis communistes et par l’union antifasciste des classes populaires et de la fraction éclairée (au sens des Lumières philosophiques) de la bourgeoisie : cette union porta au gouvernement l’alliance politique du Front populaire : c’est alors que les grands capitalistes français et espagnols impliqués dans l’alliance internationale contre-révolutionnaire choisirent la guerre comme moyen d’étendre à ces deux pays leur dispositif d’encadrement violent.
En Espagne, ils lancèrent quatre généraux, la Légion (le « Tercio ») et une partie de l’armée professionnelle dans un coup d’Etat, ce qui déclencha une guerre civile dont les cicatrices sont toujours sensibles.
Dans cette guerre, les poutchistes reçurent l’aide décisive de la « non-intervention » pratiquée contre les intérêts de la France par le gouvernement de Monsieur Léon Blum, de concert avec le gouvernement de Sa Majesté britannique, avec celui des USA et avec les autres gouvernements des pays dits « libéraux » ; de la part des gouvernements racistes (nazi-fascistes), les poutchistes reçurent le renfort de l’armée italienne envoyée par le gouvernement fasciste de Benito Mussolini, et celui de l’aviation allemande envoyée par le gouvernement nazi d’Adolf Hitler ; pour mieux servir les poutchistes espagnols, la Luftwaffe d’Hermann Göring expérimenta le bombardement terroriste massif des populations civiles, notamment en écrasant la ville basque de Guernica.
L’Internationale communiste engagea pleinement le mouvement ouvrier syndical et politique international dans l’aide à la République espagnole : en France, pays limitrophe de l’Espagne, la CGT tenait le bureau de recrutement des Brigades internationales ; la CGT et le Parti communiste français violèrent ouvertement la politique de non-intervention, et réussirent à faire de la France la grande base arrière de l’armée républicaine espagnole, d’où partaient pour le front les volontaires brigadistes, et par où transitait le matériel de guerre fourni par l’URSS ; le ministre de l’air Pierre Cot, qui n’était pas communiste, s’est toujours tenu concrètement dans le camp de l’aide à la République espagnole.
L’absence d’aide des Etats français et britannique, conjuguée avec l’aide et les renforts reçus de l’étranger par les poutchistes détermina le sort de la guerre : le fascisme franquiste vainquit la République espagnole.
Restait la France : la coalition fasciste avait de nombreux complices actifs dans la « haute société » et particulièrement dans la « haute administration » civile et militaire ; ce petit monde jugea qu’il fallait préparer la guerre avec soin pour s’assurer de la victoire et étendre à la France l’empire raciste (nazi-fasciste).
La première alerte fut, dans l’automne de 1936, la proclamation par Léon Blum de la « pause dans les réformes sociales » : c’était la rupture de l’accord de Front populaire, et par conséquent l’affaiblissement décisif de la défense antifasciste de la France.
Les activités de la coalition fasciste purent alors se déployer, bientôt sans véritable frein : les obstacles administratifs qu’auraient dà » rencontrer sur notre territoire Gestapo et police mussolinienne disparurent ; on ouvrit des camps de concentration pour y enfermer les réfugiés espagnols victimes du poutch franquiste ; les réductions de salaires suivirent, confirmant chaque jour que le gouvernement Blum avait rompu l’accord de Front populaire.
Pendant ce temps, les patrons des plus importantes industries lourdes et mécaniques sabotaient les livraisons de matériel de guerre à l’armée en allongeant sans mesure les délais, en faisant passer en fabrication les véhicules civils en priorité sur les commandes militaires.
Les généraux de l’Etat-major se refusaient à adapter leurs méthodes de travail, les chaînes et les moyens de commandement à l’évolution des conditions du combat qui résultait de l’évolution des matériels, particulièrement de celle des chars et des avions.
Lorsque l’armée du nazisme envahit la Pologne, l’Angleterre et la France durent lui déclarer la guerre, mais ni l’une ni l’autre n’engagea le combat ; il faut constater que Hitler en était prévenu : il écarta lui-même, et péremptoirement, des hypothèses de son Etat-major celle d’une offensive anglo-française sur le front occidental de l’Allemagne.
Pour ce qui est de la France, tout cela s’explique par le fait que ses chefs militaires comme ses principaux ministres étaient eux-mêmes au service des intérêts des plus gros propriétaires de capitaux de l’industrie française, qu’ils admiraient Mussolini (le maréchal Pétain n’en faisait pas mystère) ou Hitler : or, ces capitalistes participaient à l’entente contre-révolutionnaire des plus riches. Leur ennemi n’était ni le fascisme, ni le nazisme.
Ils l’avaient écrit : ils préféraient le régime nazi au Front populaire !
A la fin de l’été de 1939, le parti communiste français était conscient de ce que les gouvernements anglais et français sabotaient depuis de nombreux mois les négociations engagées à Moscou en vue d’une alliance défensive de l’Angleterre, de la France et de l’Union Soviétique : placé devant l’annonce de la signature, le 23 aoà »t 1939, du pacte de non-agression germano-soviétique, il refusa de participer au concert de condamnations mensongères et d’insultes qui saluait cet événement, et qui se prolongea au prétexte de l’avancée de l’Armée rouge jusqu’à la ligne proposée en 1918 par le diplomate anglais Lord Curzon pour définir la frontière de la Pologne et de la Biélorussie : au début d’octobre, pour cette raison et sans procès, le parti communiste fut proclamé coupable, dissout et ses élus déchus de leurs mandats : les municipalités que dirigeaient des militants communistes furent remplacées par des délégations préfectorales.
Pendant les trois trimestres qui suivirent, la prévôté fit la chasse aux communistes dans la zone de déploiement des armées et dans les rangs des unités ; dans le reste du pays, la police et la gendarmerie accomplissaient la même tache. On enfermait les communistes arrêtés, ou on les affectait à des compagnies disciplinaires.
Le 8 avril 1940, le ministre (socialiste) de la justice Albert Sérol signa un décret permettant de condamner à mort toute personne qui aurait été arrêtée pour activité communiste.
Leur ennemi, c’était le peuple de France, qui, en 1933, avait mis en échec la tentative d’étendre l’empire raciste (nazi-fasciste) à notre pays !
L’ennemi qu’ils combattaient, c’était la classe ouvrière de leur propre pays, et d’abord le parti totalement indépendant de la bourgeoisie et des intérêts bourgeois dont cette classe s’était dotée, le parti communiste ; ils combattaient la classe ouvrière parce qu’elle est la force principale, essentielle, de la révolution qu’il leur fallait et qu’il leur faut abattre afin de rester au pouvoir et de continuer d’exploiter le peuple ; pour combattre la classe ouvrière et pour la soumettre, il leur fallait détruire son parti, le parti communiste.
Au service de ce combat antinational, ils mettaient toutes leurs ressources : leur richesse et leurs entreprises, mais aussi leurs commis dans la haute administration, dans la haute armée, leurs relations d’affaires avec leurs fournisseurs et leurs clients, en France et à l’étranger, et aussi, bien entendu, toutes les plumes et qu’ils pouvaient stipendier pour orienter les proses journalistiques ou radiophoniques, les discours parlementaires, sans oublier les complots et les organisations secrètes de divers niveaux (la Cagoule, la Synarchie,...) ainsi que leurs contacts avec les services secrets et les polices français, allemands, italiens...
La conséquence fatale de cette politique est intervenue en juin et juillet 1940 : il fut facile aux forces armées allemandes et italiennes d’envahir la France : les soldats de l’armée française combattirent avec vaillance, et cent mille d’entre eux trouvèrent la mort dans ces combats ; mais dans les deux premiers jours de la guerre, l’aviation allemande avait pu détruire au sol presque toute l’aviation française, parce qu’elle n’avait pas été mise en alerte, et qu’elle n’avait reçu aucun ordre pour se disperser sur les aérodromes de combat, et ensuite, presque tous ces combats ont opposé des forces armées allemandes militairement cohérentes, bien organisées et bien commandées, parfois à une division, le plus souvent à des régiments ou à des bataillons, parfois même à des compagnies ou à des sections qui se battaient sans couverture aérienne et comme si elles étaient seules sur le champ de bataille, comme si leurs unités de rattachement n’existaient à aucun niveau, toujours dans l’absence de toute intervention utile du corps d’armée ou de l’armée : les soldats, sous-officiers, officiers subalternes, officiers supérieurs et les quelques officiers généraux qui combattaient le faisaient malgré la démission criminelle du haut commandement, malgré la désertion dont s’étaient rendus coupables les chefs des Etat-majors des armées françaises.
Regardons les choses en face : la défaite de la France était la victoire que recherchaient les membres français de la coalition contre-révolutionnaire : Philippe Pétain ne dit pas autre chose lorsqu’il développa, dans un discours du mois de juillet, sa théorie de la punition divine que devait subir le peuple de France pour avoir commis le péché de se refuser à l’empire nazi-fasciste et le crime d’imposer de grands progrès sociaux en termes de salaires, de droit au repos et de conditions de travail.
Mais certains refusaient la défaite et appelaient les habitants de notre pays à ne pas céder :
- le 17 juin 1940, Charles Tillon, membre du comité central du parti communiste français, publie un texte court dans lequel il met la nature bourgeoise des gouvernements en cause et dénonce leur trahison : il appelle le peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, à s’unir dans l’action... pour l’indépendance nationale et pour prendre des mesures contre les organisations fascistes ;
- le lendemain 18 juin, le général De Gaulle se place au point de vue de la technique de guerre, affirme sa foi dans l’alliance britannique et états-unienne, et invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec lui, dans l’esprit de continuer la guerre contre l’Allemagne, et conclut que Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ;
- le 10 juillet, le jour même où le maréchal Pétain prend le pouvoir, le parti communiste français publie un long appel à résister : ce texte dénonce sévèrement la responsabilité que portent de longue date les gouvernements français hostiles à la paix, ainsi que les profiteurs de la défaite, qui sont aussi les profiteurs de guerre ; il proclame que jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves , puis appelle tous les membres du peuple de France à former un front de la liberté, de l’indépendance et de la renaissance de la France, à confisquer les bénéfices de guerre, à restituer à la nation les biens que les capitalistes exploitent à leur seul profit.
Ces divers appels signifient que des Français, notamment des membres du peuple qui participaient au mouvement politique d’organisation revendicative, prenaient le parti de combattre et commençaient à s’organiser en des mouvements diversement définis.
En Grèce, en Yougoslavie et aussi en Italie, les communistes animèrent la levée de puissants mouvements populaire de guerilla pour combattre l’oppression de leurs nations par l’empire raciste (nazi-fasciste).
En France, le maréchal Pétain lui-même consomma le désastre : prenant le relais du gouvernement Daladier dans la guerre anticommuniste, il signa une capitulation honteuse qui plongea les habitants de notre pays dans une impuissance désespérée ; exploitant le désastre militaire et le désespoir, il se fit l’entrepreneur de l’extension à la France de l’empire nazi-fasciste, continuant et confirmant l’impitoyable répression politique, policière et militaire que les gouvernements de la « drôle de guerre » avaient commencé d’appliquer aux communistes, l’étendant à tous les Résistants au fur et à mesure du développement de la Résistance, taxant dès juillet 1940 les produits agricoles très en-dessous de leur coà »t de revient, réquisitionnant ces produits et les expédiant en Allemagne, embrigadant de force tous les hommes dans une « Légion des combattants » qu’encadrait un « Service d’Ordre Légionnaire » (SOL), renforçant la contrainte administrative sur les municipalités, remplaçant la République par l’« Etat Français », interdisant le syndicalisme de classe et embrigadant la population travailleuse dans des « corporations » verticales dont les chefs étaient de grands patrons, détruisant l’industrie par le « Retour à la terre », la « femme au foyer » et par trois modalités de déportation des hommes en Allemagne pour travailler dans l’industrie de guerre que furent la prétendue « Relève », les réquisitions de spécialistes et le « Service du Travail Obligatoire » (STO) (on ne parlait pas de « mobilité » !), livrant nombre de communistes emprisonnés aux autorités hitlériennes et permettant à celles-ci de disposer sans formalités des camps d’internement et de regroupement, constituant ainsi sur notre sol un réseau d’entrées directes dans le système concentrationnaire nazi ; l’« Etat français » pétainiste recruta bientôt dans le « Service d’Ordre Légionaire » une « Milice Française », très active dénonciatrice des communistes et racketteuse des résistants et des autres indésirables de toutes catégories : c’est la « Milice française » qui fut le moyen d’éclairage (les yeux et les oreilles) des unités SS pour tous leurs déplacements, stationnements et actes terroristes en France ; l’Etat pétainiste dit « français » réprima par la violence, de juillet 1940 à la libération, tout ce qui refusait ou semblait devoir refuser d’obéïr à son gouvernement ou aux autorités nazies et fascistes ; il avait édicté des lois antijuives dès avant que Pétain s’engage devant Hitler, à Montoire, à collaborer avec l’occupant : Philippe Pétain mit pleinement en œuvre cette politique dès le 10 juillet 1940 : cela lui valut le titre de « Gauleiter de la France » que lui décernèrent les Résistants : ils avaient reconnu en effet que cette politique était celle du nazisme et du fascisme.
Le pétainisme et l’occupation nazi-fasciste ont chargé de sens la revendication ouvrière : désormais, lorsqu’un travailleur défendait son salaire et la vie de sa famille, il mettait en cause, non seulement les capitalistes français, mais aussi le régime gouvernemental de collaboration avec les autorités d’occupation et l’occupation elle-même :  tout acte de revendication ouvrière est devenu acte de résistance, et c’est comme tel qu’il est réprimé. Les syndicalistes de lutte de classe et les communistes l’avaient compris : lorsque le 27 mai 1941, en pleine zone interdite, les mineurs du Nord et du Pas de Calais ont déclenché la grève dans laquelle cent mille mineurs se sont engagés, ils joignaient la revendication patriotique à la revendication sociale : chaque tonne de charbon manquant à l’industrie de guerre allemande fut un succès de leur action ; l’occupant ne s’y est pas trompé, réprimant cette grève comme une insurrection, par la mort et la déportation.
La réalité du combat contre l’oppression raciste a fait converger les mouvements de résistance et arraché certains secteurs du peuple travailleur à l’influence du pétainisme : cette convergence fédérait la Résistance et la conduisit à former le Conseil national de la Résistance (CNR) le 27 mai 1943 ; revenue sur les positions de lutte de classe, la CGT participait à ce Conseil, ainsi que la CFDT ; la répression n’y put rien. Aussitôt créé, le CNR inscrivait les convergences des mouvements de Résistance dans son programme les Jours heureux adopté le 15 mars 1944 et publié pour la première fois clandestinement à Paris le 24 mars 1944.
Ce programme dénonce notamment la cause de la défaite dans la perte d’efficacité de nos institutions démocratiques et populaires, elle-même causée par les entreprises de corruption et de trahison , qui ont eu libre cours en France dans les quelques années qui ont précédé la déclaration de guerre, et qualifie le régime appelé « Etat français » présidé par Philippe Pétain de  régime de basse réaction .
Cela vaut la peine de relire ce programme ; vous le trouverez dans l’article suivant :